Inscrite en pole position dans la démarche présidentielle, la réconciliation nationale demeure la mère de toutes les réformes. De quoi sera faite la vie politique algérienne en 2005? Une question que se posent notamment les formations politiques et les organisations de défense des droits de l'homme. Si l'année 2004 a été caractérisée par la réélection de M.Abdelaziz Bouteflika pour un second mandat et la relance d'un certain nombre de chantiers, initiés lors du premier mandat, à savoir la réforme de la justice, de l'éducation et la consolidation de la place de l'Algérie sur la scène internationale, l'année 2005 sera celle de la mise en application de ces projets. C'est, en tout cas, ce qui ressort des assurances du chef de l'Etat et des membres du gouvernement, qui comptent mener à bon port les réformes initiées depuis 1999. Inscrite en pole position dans la démarche présidentielle, la réconciliation nationale demeure la mère de toutes les réformes. Car, il s'agit en premier lieu de réconcilier le peuple avec les réflexes de paix et de stabilité qui l'ont de tout temps marqué, avant la décennie de sang et de larmes. Alliant relance économique et politique de concorde civile, les autorités algériennes commencent peu à peu à sortir le pays du chaos dans lequel il fut plongé pendant une décennie. Le projet d'amnistie générale prôné par le chef de l'Etat, vise à lever toute couverture politique sur les groupes terroristes récalcitrants. D'ailleurs, même d'anciens dirigeants de l'ex-FIS ont cautionné la démarche de M.Bouteflika. Et pour conférer à son action sa pleine crédibilité, comme ce fut le cas pour la concorde civile, le président de la République soumettra le projet d'amnistie générale à l'appréciation de la population. Un scrutin qui interviendrait, à en croire des sources concordantes, au courant du premier semestre 2005. Certaines sources avancent même le mois de mars pour l'organisation de ce référendum. Ce qui est à retenir du projet d'amnistie générale, c'est le fait que même des partis politiques, a priori hostiles à l'«impunité» à l'égard des islamistes armés, ont affiché cette fois une attitude favorable, vis-à-vis de la démarche de M.Bouteflika, à l'image du MDS. Le dernier mot reviendra, encore une fois, au peuple algérien, seul arbitre à même de trancher les questions qui engagent le devenir de la nation. Par ailleurs, la vie politique pour 2005 c'est aussi le projet de la nouvelle «recomposition de la scène politique» évoqué par le président de la République, devant le Xe congrès de l'ONM. Un autre paradoxe, puisque c'est la première fois qu'un pouvoir en Algérie se «soucie», du moins manifestement, de l'avènement d'une nouvelle culture politique. Laquelle culture doit être basée sur une pleine symbiose entre la base et les appareils politiques. Le secteur de la justice n'est pas en reste des réformes, puisqu'en sus des réaménagements structurels (réforme pénitentiaire, formation des magistrats... et mise en place de juridictions spécialisées) il sera procédé au courant de cette année à l'installation d'une cellule interministérielle de lutte contre la corruption. Un projet annoncé par le chef de l'Etat, lors de l'ouverture de l'année judiciaire 2004-2005, et qui a tenu récemment sa première réunion sous la présidence du ministre de la Justice, garde des Sceaux Tayeb Belaïz. A mi-chemin entre le politique et le judiciaire, la révision du code de la famille constituerait une véritable révolution si le projet venait à être adopté, conformément à la mouture de la commission Boutarène. L'année 2005, c'est enfin la création d'une chaîne de télévision en tamazight. Une mesure qui vient donner une nouvelle impulsion à la prise en charge des constantes de la nation algérienne.