Les dernières intempéries, qui ont touché tout le nord du pays, n'ont pas été sans incidences sur le trafic maritime. Le P-DG du port d'Alger, M.Ali Ferrah, nous résume la situation, les dégâts constatés et les mesures prises en vue d'éviter une catastrophe identique à celle du mois de novembre dernier. L'Expression : Plusieurs bulletins d'alerte ont été diffusés par l'Office national de la météorologie à l'intention des marins et ce, afin de les prévenir des fortes perturbations atmosphériques qui allaient traverser le pays, pouvez-vous nous décrire l'ambiance qui a régné à ce moment-là? M.Ferrah: C'était la vraie panique. La catastrophe qui a touché les deux navires Batna et Béchar est toujours présente dans les esprits des marins. Ainsi, à la diffusion des BMS annonçant des vents de force 7, plusieurs navires ont émis des SOS à la capitainerie du port pour solliciter son aide. A titre d'exemple, dans la nuit de jeudi à vendredi, plus de huit interventions ont été menées afin d'aider les navires qui étaient en difficulté. La première opération a concerné l'évacuation de l'équipage du M/V Batna échoué au niveau de la plage les Sablettes, et ce, aux environs de 16h 40. A 23h10, le M/V Benzghazi (gazier appartenant à Caltram en relâche au port d'Alger) qui avait perdu son ancre et ne pouvant ainsi accoster comme prévu au quai 23 PC a été sorti en rade. Le M/V Love-Star a demandé également l'assistance de remorqueurs pour son maintien à quai car, suite aux effets du ressac, il a rompu ses amarres. Malgré l'assistance de deux remorqueurs, le Love-Star a dérivé vers le quai n°23, occasionnant des dommages importants aux infrastructures (quai et grue). Ce navire a également subi des avaries dont la gravité reste à déterminer. Un autre navire, le M.S.C Algérie qui ne pouvait pas quitter le port avec les cales ouvertes a demandé assistance par remorqueurs. Un autre remorqueur a assisté le M/V Flora Topic, un céréalier qui était bloqué au quai 35/1 du moment que ses cales étaient à moitié pleines. Quant à la dernière intervention de cette journée, elle a concerné le navire M/V Gara Djebilet qui, après avoir cassé toutes ses amarres, a exigé l'aide des remorqueurs afin qu'il soit remis à quai. Quelle était l'opération la plus difficile à mener et donc la plus redoutable? C'est celle du navire Benzghazi. Ce gazier a demandé d'accoster, de peur de couler. Seulement son SOS a été rejeté et il a été sorti en rade car il n'était pas encore dégazé. On ne pouvait pas courir le risque de l'accoster de peur qu'il n'explose s'il avait à subir des avaries. Une fois au large, ce bateau est resté en communication avec les gardes-côtes qui étaient prêts à intervenir en cas d'alerte. Une fois la tempête passée, on l'a fait entrer au quai qui se trouve à proximité de la Protection civile. On a également dégagé un périmètre de sécurité autour de lui. J'avoue que le fait de le faire accoster constituait également un risque mais on n'avait pas d'autres solutions. Y a-t-il désormais moyen d'éviter une catastrophe telle que celle du Béchar et du Batna lorsqu'il y a mauvais temps? Il est plus judicieux de sortir tous les bateaux en rade, lors d'une tempête, du moment que les navires sont plus maîtrisables au large. Seulement, il se trouve qu'il y a des bateaux qui ne peuvent quitter le quai pour des raisons multiples. Ces derniers peuvent malheureusement subir le même sort que celui du Batna où du Béchar, sinon occasionner des dégâts à l'infrastructure portuaire tel le navire Love-Star qui a endommagé le quai n°32 en provoquant des fissures de plus de 12 mètres et en endommageant une grue. Pouvez-vous enfin estimer les dégâts qui ont été engendrés par le mauvais temps? Je suis dans l'incapacité de vous répondre du moment que l'expertise n'a pas encore rendu son rapport. Il est vrai qu'on doit débourser une somme assez conséquente pour la réfection de ce quai.