Prévue pour le 13 janvier, la date de la distribution des logements a toutes les chances d'être reportée sine die. Les citoyens qui attendent depuis des années d'acquérir un toit devront prendre leur mal en patience. Les autorités ne savent plus quoi faire de ce dossier ni comment démêler l'écheveau. L'attribution était programmée pour la fin du mois de décembre dernier, mais il semblerait que rien ne marche comme prévu et que les réticences des collectivités locales ont pesé sérieusement sur le bon déroulement de l'opération. Laquelle opération, selon une source bien informée, a été ajournée pour le 13 janvier. Cependant, les tergiversations et les atermoiements qui entravent l'application de l'instruction donnée en haut lieu pour décharger les Assemblées populaires de cette mission «à haut risque» en la confiant aux walis délégués seraient à l'origine de ce retard. Ladite instruction a suscité le courroux des représentants des partis politiques, y compris des formations qui composent la coalition gouvernementale qui se sentent lésées dans leurs droits puisqu'elles ont été écartées sans ménagement. Le FFS a eu à exprimer récemment son mécontentement et a même menacé de se retirer. Ce qui pourrait occasionner une nouvelle crise qui pénalisera, à coup sûr et en premier lieu, les citoyens. Ce scénario s'il venait à se produire rendra la tâche encore plus délicate. L'imbroglio dans les communes est tel qu'il risque de dégénérer en une crise institutionnelle. Les APC fonctionnent d'une manière quasi illégale. Entre retraits de confiance et vacation de certains postes-clés, les affaires de la cité vont à vau-l'eau. Il faut signaler que les commissions chargées de la distribution sont constituées - et c'est l'innovation apportée par la nouvelle configuration - du wali délégué, du président de l'APC qui a un simple rôle d'observateur et enfin des services de sécurité qui ont pour tâche de faire des investigations approfondies concernant les demandeurs de logements, leur origine (un maximum d'un an de résidence dans une commune précise est exigé pour ouvrir droit à un logement). Selon certaines indiscrétions, il semble que les APC mettent les bâtons dans les roues à l'administration qui les a privées de leurs prérogatives. Selon un responsable qui a requis l'anonymat: «Les élus qui ont été court-circuités de l'opération rechignent à coopérer. Ils sont indignés par le comportement du ministère de l'Intérieur qui les accusent de fait d'être derrière les détournements et les malversations qui se produisent dans les communes». Ce désaveu du gouvernement envers les représentants du peuple n'a pas été digéré par ces derniers qui y voient une transgression des règles de la démocratie. Un élu appartenant à l'un des deux premiers partis siégeant au gouvernement dira: «C'est facile de tout mettre sur le dos des élus. Tout le monde sait que ceux qui se sucrent en premier sont bien placés. Il faudrait peut-être que la loi soit applicable à tous. Il est temps qu'on fasse l'inventaire des biens de chacun, y compris de ceux qui font partie de la sphère dirigeante». Si l'attribution a commencé dans certaines communes du pays, la capitale reste la plus convoitée. Alger enregistre la plus forte demande de logements. On dénombre plus de 10.000 logements sur les 55.000 qui attendent acquéreurs depuis des années. Ce nombre, faut-il le préciser, est en deçà des besoins réels des Algérois que les catastrophes n'ont pas épargné. Le ministère de l'Intérieur a eu fort à faire concernant le relogement des sinistrés qui ont, pour un nombre limité, bénéficié, solidarité oblige, des logements destinés à d'autres citoyens. Nous apprenons, par ailleurs, qu' au niveau de la capitale, cinq APC seulement ont remis leurs rapports s'agissant du nombre de dossiers de demandes de logement ayant eu l'aval des services concernés. Une instruction émanant des services de l'Intérieur a été adressée à toutes les APC afin de quantifier d'abord les logements finis destinés à l'acquisition entrant dans le cadre du social et du participatif. Nous apprenons également que les daïras se livrent à une véritable course contre la montre pour mettre au point les dernières retouches s'agissant de la préparation de cette opération d'envergure. Les réunions des exécutifs de wilaya n'en finissent pas à longueur de journée. Devant l'inextricable problème, les nouveaux responsables chargés de répertorier les vrais besoins des communes en logements à travers un listing de ceux qui ouvrent réellement droit, le recensement de tous les logements neufs inoccupés prêts à recevoir leurs bénéficiaires ainsi que les enquêtes des services de sécurité, devront, si tout va pour le mieux, être finalisés samedi prochain, c'est-à-dire le 10 janvier, afin, nous dit-on, de procéder au planning définitif concernant l'affichage, le recours, si recours il y a - ce qui n'est pas à écarter - et enfin la distribution qui devra s'étaler sur une semaine à dix jours. Parmi les communes de la capitale qui posent problème, nous révèle-t-on, il y a la commune de Sidi M'hamed pour la simple raison que les élus estiment que les logements construits avec l'argent de la commune doivent être distribués par les responsables de cette dernière et non pas par des administrateurs. Les demandes de logements vont crescendo. Citons comme exemple l'APC de Belouizdad qui enregistre un nombre de 7000 demandes de logement, seules 50 ont été satisfaites dans le cadre de la prise en charge des sinistrés suite au séisme du 21 mai 2003. C'est dire l'inextricable problématique dont ont hérité les walis délégués qui ont l'obligation de résultat. Une mission impossible, sommes-nous tentés de conclure.