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La longue marche
L'UGTA FÊTE SES 60 ANS D'EXISTENCE
Publié dans L'Expression le 24 - 02 - 2016

La création de l'Ugta le 24 Février 1956 est un jalonnement du processus de lutte et de maturation de la conscience politique et sociale des travailleurs algériens aux prises avec l'oppression politique et l'exploitation économique de la colonisation.
L'idée de la création d'une organisation syndicale purement algérienne remonte à plusieurs années avant le déclenchement de la guerre de Libération nationale. Cette idée s'est concrétisée lors du 1er Congrès du PPA-MTLD en 1953, suite à la proposition émanant du comité central qui décida de créer une commission syndicale chargée de suivre toutes les questions relatives au monde du travail, intitulée, Commission centrale des Affaires sociales et syndicales (Ccass) composée de Aïssat Idir, Djermane Rabah, Ben Aïssa Attalah, Bourouiba Boualem, Charef Bachir et Oudjina Driss. La commission avait comme tribune «L'Algérie Libre» où la rubrique syndicale était assurée par Aïssat Idir. L'activité de cette commission ne se limitait pas aux seuls travailleurs. Mieux, elle a été l'instigatrice de l'organisation des chômeurs.
En effet, c'est à l'initiative de cette commission que des comités de chômeurs furent mis sur pied, dans les grandes villes où ils étaient plus nombreux. La démarche s'est soldée par la création de la première Fédération des chômeurs présidée par Mohammed Fellous. Même si plusieurs organisations syndicales existaient à savoir, CGT-FO (socialo-maçonnique), Cftc (Confédération française des travailleurs chrétiens), Cfdt, SNI (Syndicat national des instituteurs) entre autres, les Algériens étaient organisés principalement dans l'Ugsa-CGT (Union générale des syndicats algériens affiliée à la CGT (organisation communiste). L'idée de la création d'une centrale purement algérienne germait déjà, et tout semblait réuni pour l'installer, mais, le feu vert de Abane, tout occupé qu'il était par les problèmes de l'armement et de la lutte armée, tarda à venir jusqu'au jour où les syndicalistes-messalistes du MNA lancèrent l'Usta (Union syndicale des travailleurs algériens), le 16 février 1956. Une réunion d'urgence fut provoquée le lendemain de la proclamation de L'Usta- Messaliste, soit le 17 février 1956, par Abane qui sentit réellement le danger des messalistes de faire dévier les travailleurs de la cause de Libération nationale entre autres. La réunion s'est tenue au domicile de Boualem Bourouiba en présence de Benkhedda et Abane. Lors de cette réunion, il fut convenu: de la dénomination de la Centrale syndicale «Union générale des travailleurs algériens» Ugta; la création d'un organe central de l'organisation,; d'envisager l'adhésion à la Cisl (Confédération internationale des syndicats libres), et de demander à la direction du Front d'informer les militants du FLN de la nature de la Centrale Ugta et d'encourager les travailleurs algériens à y adhérer en raison de la dualité avec l'Usta messaliste. Un secrétariat collégial fut désigné dont Aïssat Idir en assurait la coordination. Il était composé de cinq membres, Aïssat Idir, Ben Aïssa Attalah, Bourouiba Boualem, Djermane Rabah et Ali Yahia Madjid. Lors des réunions préparatives, il a été décidé que le secrétariat serait l'émanation de la Commission exécutive composée de 21 membres, elle-même élue par le Congrès. Celui-ci composé d'une centaine de participants représentant des travailleurs organisés de toute l'Algérie, se tint place Lavigerie à l'ex-siège de l'Udma, le 24 février 1956. Ce jour-là les statuts furent votés et déposés à la préfecture d'Alger. La Centrale créée, le recrutement bat son plein, l'audience de l'Ugta commençait à s'élargir aux quatre coins du pays. L'organe central avait pour nom «L'Ouvrier Algérien» et le premier numéro paraît le 7 avril 1956. Chaque semaine, Aïssat, sous un pseudo, transmettait à la rédaction ses articles destinés à la rubrique syndicale. C'est dans le premier numéro que seront définis les axes stratégiques du programme de l'Ugta qui restent encore d'actualité. La direction de la Centrale commença son combat en tant qu'organisation syndicale typiquement algérienne sur deux fronts: intérieur, qui consistait à organiser les travailleurs algériens et les chômeurs au sein de la Centrale, et extérieur, pour organiser les travailleurs algériens en France au sein de l'Agta (Amicale générale des travailleurs algériens), d'une part et sortir de l'isolement par une reconnaissance à l'échelle internationale par l'adhésion à la Cisl afin d'accompagner la lutte de Libération nationale, d'autre part.
En voyant l'ampleur prise par cette nouvelle organisation syndicale et le danger qu'elle pourrait constituer pour le colonisateur, Robert Lacoste se chargea de la décapiter. L'arrestation du premier secrétaire et de nombreux membres de la commission exécutive n'a pas empêché la Centrale de continuer son combat. En effet, la totalité du premier secrétariat est arrêtée ainsi qu'une partie du bureau de la commission exécutive. Le deuxième secrétariat subit le même sort avec Mohammed Flici qui était à la tête de l'organisme et son adjoint Mustapha Ladjel.
Cinq secrétariats qui assurèrent la relève, furent arrêtés et le 30 juin1956 une charge de plastic explosa au siège de l'Ugta. De nombreux blessés et plusieurs militants sont arrêtés. L'Ugta, après la grève des huit jours et l'arrestation de la plupart de ses cadres, dut renoncer à une activité légale sur le territoire national. Elle est démantelée, l'Ugta, forcée, cesse son activité sur le sol national et installe une délégation en Tunisie, cinq secrétariats s'étaient succédé. L'adhésion de l'Ugta au sein de la Cisl, en dépit des obstacles et du sabordage de l'Usta (messaliste), et à côté de deux autres centrales maghrébines l'Ugtt (tunisienne) et l'UMT (marocaine) a constitué un front maghrébin uni qui aida la cause algérienne à s'internationaliser. Depuis, l'Ugta était invitée à prendre part à des congrès importants des Centrales syndicales européennes, africaines ou même asiatiques. L'Ugta mit à son profit sa présence pour poser le problème de recouvrement de l'Indépendance de l'Algérie et dénoncer le génocide perpétré par le colonialisme français.


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