De nombreux universitaires-chercheurs et auteurs en langue amazighe, connus et confirmés, se retrouveront aujourd'hui, à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, pour annoncer pour la première fois leur position et étaler leurs analyses concernant l'officialisation récente de la langue amazighe dans la Constitution algérienne. Parmi les spécialistes conviés à ce rendez-vous important, on peut citer Kamel Bouamara, Allaoua Rabhi et Saïd Chemakh. Tous les trois sont détenteurs d'un doctorat de langue et culture amazighes. Les deux premiers enseignent depuis des années à l'université de Béjaïa alors que le troisième est enseignant au département de langue et culture amazighes de l'université de Tizi Ouzou. En plus de cette spécialisation, les trois universitaires sont auteurs de nombreux ouvrages (nouvelles, dictionnaires et autres publications en tamazight). Ils sont donc bien placés et mieux que quiconque, surtout mieux que certains politiciens, pour livrer à l'opinion publique ce que sera l'apport de l'officialisation de la langue amazighe en Algérie. D'autres spécialistes seront aussi au rendez-vous, à l'instar de certains enseignants de tamazight à l'université de Tizi Ouzou et Béjaïa. La rencontre verra aussi la présence de Mhenna Boudinar, l'un des plus anciens enseignants de tamazight et également président de l'Association des enseignants de tamazight (primaire, CEM, lycées) de la wilaya de Tizi Ouzou. Depuis l'annonce du projet de la nouvelle Constitution, où tamazight figure désormais comme une deuxième langue officielle en Algérie après avoir bénéficié du statut de langue nationale en 2002, c'est la première fois qu'une rencontre culturelle et scientifique digne de ce nom est organisée à l'effet d'évaluer cette étape historique et ce pas de géant franchi par une revendication légitime, pour laquelle des sacrifices immenses ont été consentis. Avant cela, ce sont plutôt des voix n'ayant généralement rien à voir ou presque avec tamazight, son enseignement et sa promotion culturelle qui ont eu à s'exprimer sur cet exploit incommensurable que représente l'officialisation de tamazight. La rencontre d'aujourd'hui est au contraire une tribune où s'exprimeront des personnalités qui sont réellement sur le terrain du travail concret dans le domaine amazigh. Une rencontre à suivre de près, car ce qui sera dit aujourd'hui par Allaoua Rabhi, Kamel Bouamara, Saïd Chemakh, Mhenna Boudinar et tant d'autres spécialistes de la langue et culture amazighes aura son pesant d'or et constituera un point de vue crédible n'ayant aucune connotation populiste, car les spécialistes ont tout à gagner et rien à perdre après l'officialisation de tamazight, qui a constitué pendant des décennies un cheval de bataille et un fonds de commerce pour un certain nombre de partis politiques. Ces derniers devront désormais chercher d'autres arguments à faire valoir pour gagner la sympathie des citoyens. Le temps où tamazight séduisait le peuple est révolu. Actuellement, l'heure est au travail et à la production et seuls les spécialistes pourront se voir confier cette mission délicate certes, mais noble et plus utile.