«Pour exporter un produit, il faut qu'il acquière une origine» Les opérateurs économiques algériens préfèrent de loin les dispositions de la Gzale à celle de l'accord préférentiel. Ouahiba Behloul, directrice des relations internationales de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie, a déclaré hier, lors d'un séminaire organisé conjointement par la Caci et les Douanes algériennes sur «les règles d'origine», qu'«il est nécessaire que les produits algériens acquièrent l'origine algérienne pour qu'ils soient exportables». Néanmoins, elle a relevé que pareille opération n'est pas une mince affaire puisqu'elle est soumise à plusieurs règles dans le cadre des accords contractés par l'Algérie, notamment les deux accords préférentiels avec la Tunisie et la Jordanie, l'Accord d'association avec l'Union européenne et la grande Zone arabe de libre-échange. Abordant dans ce sens la règle d'origine en usage actuellement entre l'Algérie et la Tunisie, Mme Behloul a indiqué que «le certificat d'origine exigé par les Tunisiens pour les produits algériens est une barrière non-tarifaire qui nous bloque». «Le certificat d'origine qu'on exige est une barrière non-tarifaire destinée à bloquer les produits algériens et elle n'est pas la seule. Il y en a plusieurs autres», a-t-elle déclaré. Elle a, à cet effet, relevé que l'Accord préférentiel algéro-tunisien n'a pas donné les résultats escomptés en matière de facilitation des échanges commerciaux entre les deux pays. «La Chambre algérienne de commerce et d'industrie qui signe les certificats d'origine a signé 60 certificats dans le cadre de l'accord préférentiel algéro-tunisien, en 2014 et 56 seulement en 2015, alors que dans le cadre de la Gzale, 831 certificats ont été signés en 2014 et 1 421 en 2015. Cela veut dire que les opérateurs économiques algériens préfèrent de loin les dispositions de la Gzale à celle de l'accord préférentiel», a-t-elle déclaré en précisant que les opérateurs ont la liberté de choisir entre les deux options. Néanmoins, tout en reconnaissant que la Gzale offre des opportunités d'échange plus ou moins importantes, Ouahiba Behloul a plaidé pour l'application du principe de réciprocité avec la Tunisie. Au sujet de l'Accord d'association avec l'Union européenne, Mme Behloul considère que celui-ci recèle plusieurs éléments préjudiciables pour l'Algérie non seulement les règles d'origine, d'où son appel à sa révision. En effet, selon elle, les règles d'origine imposées de part et d'autre sont identiques, mais les contingents imposés nous portent un grand préjudice. Citant, dans ce sens, l'exemple du textile, le représentant de la direction générale des douanes, Mourad Tebbi, a fait savoir que les règles d'origine en vigueur entre l'Algérie et l'Union européenne font que les produits textiles algériens ne peuvent être exportés vers l'Europe que si le tissu à la base duquel ils sont fabriqués est produit en Algérie ou importé d'Europe car, a-t-il expliqué, «l'origine s'applique à partir de la fibre et non pas du tissu». L'Algérie peut exporter des produits textiles vers l'Europe. La Tunisie en exporte pour 3 milliards de dollars. Mais la règle d'origine en vigueur dans le cadre de l'Accord d'association avec l'UE fait que les produits doivent être fabriqués à base de tissus produits en Algérie ou importés d'Europe et d'Europe seulement.. Or, actuellement, les produits textiles que nous fabriquons sont essentiellement faits à base de tissus importés de Tunisie», a-t-il dit. Interrogé sur le sens des accords signés par l'Algérie et de leur avenir si jamais l'Algérie venait à accéder à l'OMC, M.Tebbi a répondu que «les règles d'origine ne vont subir aucun effet car il appartient au pays de définir chacun les règles qui lui conviennent».