Une pléiade d'experts nationaux et étrangers interviendra autour de deux axes principaux, en l'occurrence l'état des lieux et les perspectives d'évolution du secteur du textile. Le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, inaugure aujourd'hui, à Alger la première journée du premier évènement dédié totalement au secteur du textile: «Les journées du textile.» A cet effet, une pléiade d'experts nationaux et étrangers interviendra autour de deux axes principaux, en l'occurrence l'état des lieux et les perspectives d'évolution du secteur du textile. A ce sujet il est utile de rappeler que le secteur se trouvait en totale déstructuration depuis les années 1990 sous le poids de la mondialisation et l'agressivité du géant chinois. Ceci étant, ces dernières années plusieurs tentatives pour relancer le secteur ont été enregistrées et viennent confirmer la prise de conscience et la volonté des pouvoirs publics à réanimer le secteur du textile qui, au demeurant, jouit d'une force de frappe non exploitée de l'ordre de 250 millions de mètres de tissu par an. A cela il faut ajouter, pour une population de 30 millions d'habitants, un besoin de consommation en chaussures de l'ordre de 60 millions de paires, ce qui fait ressortir un manque à gagner, à raison de 100 dinars par chaussure, de six milliards de dinars par an, il en va de même pour la chemise, le tee-shirt, etc. A ce sujet, les experts du domaine expliquent que des années durant la politique commerciale favorisait plutôt l'importation que la production, et qui de surcroît, minait les producteurs en appliquant de fortes taxes sur les matières premières importées, alors que les produits finis en étaient généralement exonérés, créant un déséquilibre de trésorerie difficilement surmontable. C'est précisément ce qui a rendu l'Algérie faiblement attractive dans ce domaine, l'investisseur étranger préférant la Tunisie ou l'Egypte pour y installer ces usines de production, puisque les coûts étaient nettement moins chers, du fait que les matières premières sont exonérées de toutes taxes. C'est précisément sur ce plan que les «journées du textile», qui démarrent, revêtent un caractère particulièrement important. Il s'agit en plus de l'évaluation des capacités du secteur à rebondir, de trouver les voies et les médications qui vont permettre d'appliquer une politique de gestion à même de permettre de renverser cette tendance et de donner la priorité à la production et à l'exportation. Il faut savoir que depuis 2011 un plan d'assainissement et de relance du secteur a été lancé, sur une base de deux milliards de dollars, mais sur le terrain cela n'a pas donné les résultats escomptés. Ce n'est qu'avec les dernières dispositions contenues dans la loi de finances 2016 que certains obstacles ont été levés, tels que la libération du foncier industriel et les facilitations d'accès aux crédits bancaires, que l'espoir de relancer ce secteur renaît. Mais pour les experts, des réformes bancaires et fiscales restent toujours de mise. D'autant plus que les vrais obstacles résident dans le manque de qualification, un système salarial peu attractif, une faiblesse de l'activité face à la demande du marché, l'absence de la disponibilité du produit et la faiblesse du management. La nouvelle stratégie économique se base surtout sur la réduction de la facture d'importation et sur la promotion de l'activité d'export. Ils estiment qu'il n'est pas trop tard pour redresser le secteur, dans la mesure où il faut rapidement opérer une restructuration profonde, autant sur le volet des ressources humaines que sur les équipements. Dans ce sens, le secrétaire général de la Fédération des textiles et des cuirs, Amar Takjout, explique: «Si on opère rapidement une restructuration du secteur, nous pouvons aller à la création de 30.000 emplois.» Par ailleurs, le P-DG du groupe CH Fashion, M.Beayad, estime que «le secteur emploie en ce moment quelque 15.000 personnes, alors qu'il y a deux décennies, le nombre de postes d'emploi était estimé à 200.000. Actuellement, la production algérienne couvre de manière globale moins de 4% des besoins du marché local, estimés à près de 500 millions de mètres linéaires de tissu par an. Une production essentiellement destinée aux corps constitués: Police et Protection civile.» Dans le même sillage, le complexe textile algéro-turc en construction dans la zone industrielle de Sidi Khettab à Relizane, apportera une création de 25.000 emplois, avec une prévision de production de l'ordre de 60 millions de mètres linéaires de tissu et 30 millions de pantalons «jeans» par an, dont 40% destinés à la consommation locale et 60% à l'exportation. Parallèlement, l'équation est claire, quand on sait que pour la fabrication de 1 000 tee-shirts par jour, il faut 25 employés.