Cette montée en puissance du terrorisme en Afrique nous amène à se poser aujourd'hui la question: à qui le tour? Sur fond de concurrence entre organisations terroristes que sont Al Qaîda, Boko Haram, les Chebab, El Mourabitoune et Daesh, l'Afrique doit désormais vivre avec le fléau terroriste en plus des sécheresses, des famines et des maladies. Avant-hier, la Côte d'Ivoire a été la cible d'une attaque djihadiste. Un commando islamiste a ouvert le feu dans la station balnéaire Grand-Bassam, au sud-est du pays, tuant 16 personnes. L'attaque a été revendiquée par l'organisation terroriste Mourabitoune, récemment ralliée à Aqmi (Al Qaîda au Maghreb islamique). Avant cette attaque, c'était Ouagadougou, capitale du Burkina Faso qui a été endeuillée le 15 janvier dernier, suite à la mort de 26 personnes dans une attaque d'un commando d'Aqmi. Durant toute l'année 2015, des attaques djihadistes en cascade ont visé plusieurs pays de ce continent. Les plus spectaculaires ont eu lieu dans une plage à Tunis puis contre la garde républicaine du même pays, au Mali, au Tchad, au Nigeria, en passant par le Cameroun et bien sûr la Somalie. Les dégâts économiques sont énormes et le secteur le plus touché demeure celui du tourisme. Cette montée en puissance du terrorisme en Afrique nous amène à poser aujourd'hui la question: à qui le tour? Longtemps en collusion avec les trafiquants de toute engeance, ces réseaux terroristes manifestent aujourd'hui la double volonté de contrôler les trafics d'armes et de drogue et également de contester la légitimité des pouvoirs en place. Mieux encore, ils ambitionnent de redessiner les frontières héritées de la colonisation sous le principe islamiste de la Oumma pour briser les liens entre l'Europe et l'Afrique sahélienne. Pour ce faire, ils changent de mode opératoire. Ils ne s'attaquent plus à des casernes, des postes de police ou des institutions sous la garde des services de sécurité sachant pertinemment qu'une réaction armée leur sera opposée. Il s'attaquent à des cibles faciles et qui ont l'avantage de donner un retentissement médiatique mondial et certain: les salles de spectacles, les plages, les terrasses de cafés et les hôtels qui hébergent des touristes sans défense. Dans cette tourmente de violence, il y a comme un laxisme occidental inexpliqué. Pourquoi n' y a-t-il pas eu d'initiatives concertées avec les pays africains touchés par cette vague de violence en vue d'extirper le mal à la racine. Certes, il y a l'action économique à long terme pour assurer un développement durable du continent, mais l'action militaire concertée s'impose dans ces pays où les armées sont mal formées et sous-équipées. En 2005, des exercices militaires conjoints baptisés «Flintlock 2005», organisés dans le cadre de la «Trans-Saharian Counter-Terrorism Initiative»: coordonnés par le commandement des forces américaines basé en Europe. Ces manoeuvres qui se sont déroulées au nord du Mali et du Niger ont mobilisé 3000 soldats de huit pays africains, dont l'Algérie et la Mauritanie, et 700 hommes des forces spéciales américaines. Depuis, aucune autre action d'envergure de formation n'a eu lieu, laissant le terrain libre aux organisations terroristes qui pullulent sur ces vastes no man's land.