Canal+ est prête à payer un minimum de 300 M euros/an sur 5 ans à beIN Sports pour avoir l'exclusivité sur la chaîne qatarie. La filiale de Vivendi va donc verser plus de 1,5 milliard d'euros à la chaîne sportive qatarie pour pouvoir la distribuer en exclusivité. Une nouvelle qui vient confirmer les rumeurs de rapprochement entretenues depuis plusieurs mois. L'offre proposée par Canal+ est intéressante pour beIN Sports car la chaîne qatarie n'a pas réussi à rentabiliser sa chaîne. Elle ne rapporte que 270 M euros avec ses 2,5 millions d'abonnés (abonnement à 13 euros auquel on soustrait la TVA, 70% de la somme restante va à beIN Sports et 30% aux fournisseurs d'accès pour la distribution), trop peu par rapport aux sommes dépensées dans les droits TV. De son côté Canal +, qui a perdu des droits TV dans de nombreux sports dont le football (la Premier League dernièrement), doit réagir face à la concurrence. La situation financière délicate de beIN Sports est une veine pour le groupe Canal+. Le montant proposé à la chaîne qatarie semble au-dessus des attentes du groupe qui récupèrera les abonnements de beIN Sports et essaye de renégocier actuellement avec les fournisseurs d'accès leur part dans les abonnements. Un client qui s'abonne à beIN Sports et Canal+ aura ainsi le droit à une réduction estimée à 12 euros/mois sur sa facture. Un bouquet sport sur CanalSat (avec beIN Sports et Eurosport) sera proposé à 14 euros/mois la première année puis 20/mois. Canal+ ne peut diffuser exclusivement beIN Sports, la chaîne qatarie devrait donc continuer à être distribuée par les fournisseurs d'accès sauf Numéricable. L'abonnement devrait être à 14 euros/mois, une hausse de 1 euro étant prévue le 7 avril par beIN Sports. Si les grandes lignes de cet accord sont fixées, il reste le plus important pour le groupe Bolloré, obtenir l'accord de l'Autorité de la concurrence. Le CSA devrait donner sa réponse fin avril, après consultation des différents acteurs autour de ce dossier: fournisseurs d'accès, chaînes TV, fédérations sportives (football, rugby), régulateurs de l'audiovisuel (CSA). Ce qui est sûr est que le groupe beIN Sports Holding, entend se redessiner vers d'autres cieux, comme le cinéma et les services. Il garde néanmoins l'accès aux droits pour plusieurs compétitions internationales comme le football. L'Autorité de la concurrence «a lancé une consultation sur l'accord beIN-Canal+» auprès de la Ligue de football professionnel (LFP), a déclaré son nouveau directeur général, Didier Quillot. Décidément, les accords entre télévisions privées dérangent les instances sportives et audiovisuelles françaises qui voient d'un mauvais oeil le rapport entre l'argent et le sport. Reste à savoir comment va être perçu par le CSA ce rapprochement entre les deux puissants groupes. [email protected]