Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a exhorté hier les responsables politiques irakiens à soutenir le Premier ministre Haider al-Abadi en difficulté face à la pression de la rue qui demande des réformes. «J'appelle tous les responsables politiques ici présents aujourd'hui à poursuivre leurs efforts pour une vision unifiée qui fera avancer la réconciliation nationale en Irak», a-t-il dit au cours d'une visite à Baghdad, s'adressant aux membres du Parlement. Cette vision doit inclure, selon lui, une loi sur la justice et la reddition de comptes, une loi controversée sur l'amnistie et la mise en place d'une garde nationale. Mais M.Abadi est pris en tenailles entre la pression grandissante de milliers de manifestants et partisans du chef chiite Moqtada Sadr qui campent aux porte de la Zone verte sécurisée de la capitale pour réclamer des réformes, et la réticence de son propre parti. M.Sadr a donné à M.Abadi un ultimatum qui expire mardi pour présenter une liste de noms pour la formation d'un gouvernement de technocrates. «L'esprit de compromis doit permettre que l'exécutif et le législatif travaillent ensemble pour soutenir le Premier ministre dans la mise en place des réformes nécessaires pour faire face aux multiples crises auxquelles vous faites face», a poursuivi M.Ban devant les députés. M.Ban, dont la dernière visite dans la capitale irakienne remonte à un an, voyage en compagnie du directeur de la Banque mondiale (BM) Jim Yong Kim et du président de la Banque islamique de développement Ahmad al-Madani. Ils sont arrivés du Liban, où ils étaient jeudi et vendredi, et ont directement rejoint le ministre irakien des Affaires étrangères Ibrahim al-Jaafari pour des pourparlers. La baisse des cours du pétrole a eu un effet dévastateur sur l'économie irakienne, déjà affectée par le coût de la lutte contre le groupe Etat islamique. Tandis que les forces irakiennes reprennent progressivement des zones aux jihadistes, Baghdad se retrouve en difficulté pour reconstruire les villes dévastées et a demandé le soutien de ses partenaires étrangers. La BM a récemment accordé à l'Irak un prêt de 1,2 milliard de dollars pour l'aider à faire face à la crise financière. «Un engagement clair pour les réformes développera la confiance et conduira à un soutien international plus important», a affirmé dans un communiqué M. Kim. Lors d'une visite à Baghdad le 16 mars, le ministre britannique des Affaires étrangères Philip Hammond avait déclaré que les prêteurs seraient sollicités. «Nous allons travailler avec nos partenaires du G7 afin de fournir un soutien direct au gouvernement irakien et de faire pression sur les institutions financières internationales pour qu'elles fournissent à l'Irak un soutien plus important et plus rapide», avait-il déclaré. Sur le terrain, au moins 30 personnes ont été tuées vendredi en fin de journée dans un attentat-suicide revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique (EI), après un match de football dans un village au sud de Baghdad. «Ils étaient en train de décerner le trophée aux vainqueurs quand le kamikaze s'est fait exploser dans la foule», a indiqué un capitaine de police du village d'Al-Asriya, qui se situe près de la localité d'Iskandariyah, à environ 40 km au sud de la capitale irakienne. Selon la police, plus de 65 personne ont été blessées dans l'explosion. Un médecin à l'hôpital d'Iskandariyah a confirmé le bilan, précisant que l'attaque était survenue vers 19h00 (16h00 GMT) et que le maire du village, Ahmed Chaker, figurait parmi les morts. «Le maire est décédé à l'hôpital des suites des graves blessures qu'il a subies dans l'explosion», a déclaré le médecin, indiquant aussi qu'un de ses gardes du corps et au moins cinq membres des forces de sécurité avaient péri dans cet attentat. L'attentat a rapidement été revendiqué dans un communiqué par l'EI, qui a identifié le kamikaze comme Saifullah al-Ansari et a affirmé que l'explosion avait fait plus de 60 morts et plus de 100 blessés.