L'Algérie n'arrive ni à investir à l'étranger, notamment en Afrique ni à attirer les investissements étrangers. Largement dépendante du secteur de l'énergie, l'économie algérienne vit aux rythmes de ce secteur. En effet, après avoir été, avant 2012, dans le Top 10 des pays les plus attractifs en matière d'IDE en Afrique, l'Algérie cède désormais progressivement la place à des pays pourtant à très faible potentiel comme la Tanzanie, l'Ethiopie, le Kenya, etc., sous l'effet de la chute des prix du pétrole. En effet, selon une étude présentée hier par Nourredine Najji, directeur de EY Tunisie, dans le cadre des Matinales du Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care), l'Algérie n'a fait aucun investissement en Afrique en 2014 et entre 2014 et 2015, elle a enregistré un recul de 19% en matière d'investissements étrangers car, explique-t-on, l'essentiel des IDE réalisés en Algérie est fait dans le secteur de l'énergie. Selon cette étude, l'Algérie, malgré les discours incessants sur ses innombrables potentialités et son poids continental indéniable, est absente en Afrique et peine à attirer les investissements étrangers pour diversifier sa propre économie. Interrogé sur les causes de cette situation, Ahmed Lateb, membre du Care et co-animateur du débat avec Nourredine Najji, a fait savoir que «l'économie algérienne souffre de plusieurs blocages administratifs, financiers, réglementaires, etc.», mais s'est montré très optimiste quant aux dernières déclarations d'Abdelmalek Sellal sur «la nouvelle politique économique» que le gouvernement serait en train de préparer. En effet, selon lui, l'Algérie saurait surmonter ses difficultés, réussir à attirer les IDE et aller à l'assaut de l'Afrique car, «elle n'a plus d'autres choix». Plus globalement, M. Najji a indiqué que l'Afrique attire 17% des investissements étrangers contre 36% pour l'Asie et la région océanique, qui est au peloton de tête, et 10% seulement pour l'Amérique du Nord. Il a regretté qu'elle soit redescendue à la quatrième place en 2015 mais, a-t-il remarqué, elle est toujours dans une position qui lui permet d'avancer. De plus, a souligné M.Najji, «même si le nombre des investissements a baissé en raison de la chute des prix du pétrole qui a affecté l'Angola et le Nigeria ainsi que le ralentissement de l'économie sud-africaine, la valeur de ceux-ci a augmenté de 136%». Au sujet de la destination des investissements étrangers en Afrique, Nourredine Najji a indiqué que ces investissements sont captés principalement par les pays d'Afrique subsaharienne, notamment l'Afrique du Sud, le Kenya, l'Ethiopie et le Mozambique. Concernant l'Afrique du Nord, il a précisé qu'elle n'attire que 23% des IDE et que ceux-ci sont essentiellement partagés par l'Egypte et le Maroc. «L'attractivité de l'Egypte et du Maroc a augmenté de 61% pour le premier et de 51% pour le deuxième en 2014 tandis que l'Algérie et la Tunisie ont enregistré respectivement une baisse de 19% pour l'un et de 42% pour l'autre au cours de la même période», a-t-il déclaré. Au sujet des sources des IDE, M. Najji a cité les USA, l'Afrique du Sud, la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne, la Chine l'Inde, mais a précisé que même si les Etats-Unis sont en tête en matière de nombre d'investissements, ce sont les Emirats arabes unis qui sont en haut du piédestal, en termes de valeur. Enumérant par ailleurs, les obstacles au développement des IDE dans les pays africains, notamment certains d'entre ceux qui peinent toujours à intéresser les investisseurs étrangers, les deux conférenciers ont évoqué l'instabilité politique de certains pays, l'instabilité réglementaire, la corruption, l'insécurité, le déficit en main-d'oeuvre qualifiée, et la pauvreté en infrastructure. Toutefois, M.Najji reste optimiste et recommande de voir «le verre à demi-plein» et appelle à des réformes structurelles profondes dans les pays concernés car, pour lui, malgré les déficits qu'enregistrent les économies africaines dans plusieurs volets, l'Afrique reste une destination de choix pour plusieurs chercheurs d'opportunités d'investissement car, explique-t-il, c'est le marché qui compte et le marché africain est l'un des plus grands dans le monde et est celui qui se développe le plus vite.