Depuis quelques années la chaîne cryptée Canal+ a investi dans le cinéma et la production audiovisuelle. Voulant marcher sur les traces de HBO, la chaîne du cinéma et des séries américaines, Canal + a créé un concept génial: «Création originale», le nom habile, ça ne fait pas téléfilm... ça fait plus cinéma. A partir du milieu des années 2000, Canal + se lance dans la fiction policière avec d'abord, des séries locales «Engrenages», «Braquo» ou «Mafiosa». «Sans forcément produire plus que TF1 ou le service public, Canal+ a souvent réussi à créer l'événement», souligne un spécialiste citant comme exemple récent la mise à disposition de tous les épisodes de la 5e saison de «Mafiosa», dès le 14 avril. Une pratique rendue possible et accessible à tous grâce à l'américain Netflix. A l'origine, il y a dix ans, la création originale était un pari révèle Fabrice de la Patellière, directeur de la fiction de Canal+, qui a beaucoup travaillé avec Rodolphe Belmer, directeur général. L'idée était de relancer une production «essoufflée» après des succès comme la série d'humour «H». Mais aussi de donner à l'abonné d'autres raisons de payer que les deux piliers sacrés de la chaîne jusqu'ici: le football et le cinéma. L'idée aussi c'était de faire différent que TF1, qui imite les Américains et France Télévisions qui fait dans l'histoire et la mémoire. Canal + a choisi l'original à l'image de la série «Les revenants» la première série fantastique française à être vendue aux télévisions étrangères. Trois créations originales inédites ont été lancées cette année sur Canal+, dont Baron Noir, une sorte de House of Cards français avec Kad Merad dans la peau d'un ambitieux politicien avide de vengeance. La première série politique française sur la course effrénée d'un homme retors et charismatique prêt à tout pour gravir l'échelle sociale. Une lutte de pouvoir avec son adversaire-mentor interprété par le Français d'origine danoise Niels Arestrup, qu'on a notamment découvert dans «Un prophète» avec Tahar Rahim. Entre ses créations originales et les acquisitions étrangères, le catalogue des séries de Canal+ est une fois encore impressionnant pour cette nouvelle année. Après «Tunnel», la série qui mêle espionnage et action, on découvrira «Section zéro», la nouvelle série d'anticipation d'Olivier Marchal. Un scénario à la mad max, qui montre une Europe endettée et ruinée, qui renonce à sa souveraineté au profit de multinationales, immenses agrégats économiques ultra-puissants. Parmi ces nouvelles «sociétés titans», Prométhée, l'une des plus puissantes et dangereuses, ne cesse d'étendre son emprise sur la Fédération. Son but: remplacer la police par une milice privée, le Black Squad, dirigée par le dangereux Munro, et créer une armée d'hommes robotisés, les Mékas. Sirius, flic idéaliste, veut se battre pour empêcher la disparition du monde dans lequel il a vécu. Une série filmée à l'américaine qui démontre la volonté de la chaîne cryptée de divertir, mais aussi de faire du profit en vendant ses séries à d'autres pays européens comme l'Allemagne ou l'Espagne. [email protected]