Sa popularité au sein de la base ne fait pas de doute La popularité d'Ouyahia, qui au sein de la base ne fait pas de doute, la direction du parti voudrait la traduire sur le terrain «citoyen». Ahmed Ouyahia, aujourd'hui secrétaire général par intérim du RND, sera certainement confirmé au poste de premier responsable du parti à l'issue de son congrès extraordinaire. Le petit mouvement de dissidence n'aura été qu'un nuage d'été. De même pour la candidature de Belkacem Mellah, dont le poids ne semble pas véritablement inquiéter le directeur de cabinet à la présidence de la République, qui dispose d'appuis incontestables au sein de la direction du RND. Ahmed Ouyahia n'a pas l'intention de faire de la figuration dans un congrès qui, en plus d'être extraordinaire, constituera une sorte de rampe de lancement pour un parti qui n'a d'autre choix, aujourd'hui, de n'exister que par la volonté et la détermination de ses seuls militants. Ouvertement lâché par un FLN qui se veut conquérant, le parti d'Ahmed Ouyahia se voit dans l'obligation de s'émanciper de son «grand frère» et démontrer des capacités politiques à même de convaincre l'opinion nationale de sa compétence à gouverner le pays, dans le cas d'un éclatement de la coalition au pouvoir au lendemain des législatives de 2017. Pour ce faire, les militants du parti misent tout sur leur leader «naturel», dont la marque de fabrique est très loin du populisme. Ouyahia qui a assis sa carrière politique sur le «dire vrai» s'est fabriqué une image d'homme d'Etat prêt à toutes les décisions impopulaires pour la sauvegarde de la nation. La méthode Ouyahia a convaincu les dizaines de milliers de militants du parti qui le considèrent comme le candidat idéal du RND. Sa popularité au sein de la base ne fait pas de doute. Et c'est cette conviction «militante» que la direction du parti voudrait traduire sur le terrain «citoyen». Le congrès extraordinaire qui a été précédé par des congrès régionaux pourrait être le rendez-vous décisif pour le rassemblement de toutes les «volontés» du parti, à l'effet de construire un discours «sérieux» et une démarche conséquente en direction de la société, donc des électeurs. En fait, le grand défi du RND est de montrer une capacité de mobilisation et un réservoir de militants rompus à la chose politique, pour décrocher un maximum de sièges aux élections législatives de 2017, lesquelles seront une rampe de lancement pour la présidentielle de 2019. Le congrès extraordinaire d'aujourd'hui constitue le premier acte du redéploiement du RND. Il faut dire, qu'en l'espèce, le parti n'a pas fait dans la demi-mesure. Pas moins de 1600 congressistes, dont 500 femmes, sont attendus. Cela donne une idée des ambitions de la direction du parti. Celle-ci n'a pas l'intention de se limiter à l'élection du secrétaire général. Un nouveau conseil national sera désigné et des résolutions politiques, économiques, sociales, ainsi qu'un plan d'action seront soumis à l'approbation des congressistes. Autant de signes qui ne trompent pas sur la volonté du RND de peser sur la scène nationale, ces prochaines années. Quant aux «signaux», c'est Ahmed Ouyahia qui s'en est chargé. Il en a délivré quelques-uns. «Ce congrès sera déterminant dans le parcours de notre jeune parti, non pas parce qu'il aura à élire un secrétaire général, mais du fait qu'il aura à mettre un terme à une dérive apparue il y a près de quatre années, à travers diverses violations des textes fondamentaux du Rassemblement», a affirmé le secrétaire général par intérim, affichant ainsi sa détermination à donner du sens et du contenu à l'organisation même de la formation politique. Pour ce qui concerne le fonctionnement futur du parti, Ouyahia n'a pas été par quatre chemins. «Le RND est un parti démocratique dans sa dénomination et dans ses pratiques et le débat contradictoire devra continuer d'y exister à tous les niveaux de ses structures, et les divergences devront se résoudre même par vote. Cependant, aucune minorité ni encore moins aucun groupuscule, ne pourra plus prétendre s'imposer par quelque moyen que ce soit, et encore moins, à travers la dérive de prétendus redressements», a-t-il affirmé lors du congrès régional centre du parti. Le propos est limpide et le ton assez ferme, histoire d'annoncer la fin de la récréation. Le RND ne peut plus se permettre de crises à répétition, s'il veut jouer un rôle central, semble dire Ouyahia qui n'a certainement pas accepté un retour à la tête du parti pour amuser la galerie. Il faut savoir, pour rester dans les intentions «démocratiques» du futur chef du RND, que la base a été effectivement sollicitée à travers un questionnaire sur des sujets organiques et d'autres de politique nationale, envoyé à quelque 93.000 militants. Affirmer que le RND voit grand et que son leader ambitionne d'en faire l'un des poids lourds de la scène nationale, c'est peu dire.