«L'Arabie saoudite va maintenir sa politique pétrolière stable» a déclaré le nouveau ministre de l'Energie, de l'Industrie et des Ressources minières. Ceux qui ont vu dans le limogeage d'Ali al-Nouaïmi un virage à 180 degrés de la politique pétrolière saoudienne sont désormais édifiés. Riyadh ne changera pas son fusil d'épaule. «L'Arabie saoudite va maintenir sa politique pétrolière stable», a déclaré hier Khaled al-Faleh, le nouveau ministre de l'Energie de l'Industrie et des Ressources minières. «Nous sommes engagés à satisfaire la demande actuelle et additionnelle de la part de nos clients mondiaux dont le nombre ne cesse d'augmenter en utilisant notre capacité de production», a affirmé le successeur d' Ali al-Nouaïmi. En clair, l'Arabie saoudite continuera à pomper autant d'or noir qu'il faut pour satisfaire ses partenaires commerciaux quitte à inonder davantage un marché déjà surabondant et par conséquent couler le baril. Tout portait à croire pourtant que le chef de file du cartel allait infléchir sa position. En effet, il est incontestable que la stratégie adoptée par le Royaume wahhabite s'est avérée désastreuse pour les économies des pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Il en porte une lourde responsabilité. Tout en payant cash son entêtement. Son déficit commercial avait atteint le chiffre record de 98 milliards de dollars en 2015. L'Arabie saoudite sous la houlette d'Ali al-Nouaïmi s'est opposée becs et ongles à toute réduction de la production de l'Opep pour tenter de mettre fin à la dégringolade des cours de l'or noir. «Il n'est pas dans l'intérêt des producteurs de l'Opep de réduire leur production, quel que soit le prix (...). Que ça descende à 20, 40, 50 ou à 60 dollars, il n'est pas pertinent de réduire l'offre», avait déclaré le 22 décembre 2014 le ministre saoudien du Pétrole dans un entretien au Middle East Economic Survey (Mees), une revue spécialisée qui fait autorité dans le monde sur les questions du gaz et du pétrole au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Depuis la mi-juin 2014 à aujourd'hui le baril de pétrole a chuté de 115 dollars à 45 dollars. L'Opep est restée les bras croisés même si certains de ses membres ont rué dans les brancards. La seule initiative qui a été prise fut la réunion de Doha où dans un premier temps, le 16 février, l'Arabie saoudite, la Russie, le Venezuela et le Qatar s'y étaient retrouvés pour annoncer un accord négocié visant à geler leur production. «L'Arabie saoudite et la Russie, les deux premiers producteurs de brut, sont convenues mardi (16 février 2016, Ndlr), au terme d'une réunion à Doha avec le Qatar et le Venezuela, de geler leur production à son niveau de janvier», indiquait le communiqué qui avait sanctionné cette rencontre. Le 17 avril dernier les pays producteurs Opep et hors Opep s'étaient retrouvés dans la capitale qatarie pour parapher l'accord qui devait rendre opérationnelle cette initiative. Coup de tonnerre! Les retrouvailles ont viré aux «règlements de comptes» et aux intérêts bassement égocentristes. Téhéran et Riyadh ont sabordé «le coup de pouce qui devait contribuer au redressement des cours du pétrole». L'intransigeance de l'Arabie saoudite a primé sur l'intérêt collectif. «Doha bis» a tourné en eau de boudin. Après avoir déboulonné son «inamovible» ministre du Pétrole, le trône saoudien claironne qu'il ne s'en laissera pas compter. La prochaine réunion des pays membres de l'Opep qui doit se tenir les 2 et 3 juin prochain à Vienne en Autriche nous promet de belles et chaudes empoignades surtout si d'ici là le baril venait à replonger. Riyadh aura à coeur d'asseoir son leadership. Un statut qui jusqu'à maintenant a surtout servi à couler les prix du pétrole. Le reste de la troupe se laissera-t-il faire? «Les Saoudiens parlent au nom de l'Opep (...), mais si le prix du pétrole tombe aussi bas (à 20 dollars le baril), ils pourraient faire face à une opposition (interne) qui serait dure à surmonter», a prévenu l'analyste Connor Campbell de Spreadex.