Saleh al-Sada, le ministre de l'Energie du Qatar, entre le ministre saoudien du Pétrole Ali al-Naimi et son homologue russe Alexander Novak. Cette décision s'inscrit dans l'esprit de l'offensive diplomatique sans précédent, lancée par l'Algérie et initiée par le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, pour sensibiliser les pays producteurs (Opep et non Opep) à la dégringolade des prix du pétrole. C'est au terme d'une réunion à laquelle ont participé, hier, le Qatar et le Venezuela à Doha que l'annonce a été faite. A défaut d'annoncer une réduction de leur production, les deux poids lourds du secteur, l'Arabie saoudite et la Russie, dont les productions additionnées s'élèvent à plus de 20 millions de barils par jour, ont décidé de ne pas mettre une goutte de plus sur le marché. Cette décision s'inscrit dans l'esprit de l'offensive diplomatique sans précédent, lancée par l'Algérie et initiée par le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, pour sensibiliser les pays producteurs (Opep et non Opep) à la dégringolade des prix du pétrole. Cette initiative qui aura incontestablement fait bouger les lignes a eu pour acteur de premier plan le Venezuela qui plus que n'importe quel autre pays producteur aura souffert de la chute des cours de l'or noir. L'Algérie et le Venezuela s'étaient concertés au plus fort de la dégringolade des prix du pétrole. «Nous avons évoqué le marché pétrolier international et réaffirmé notre position à défendre le prix du pétrole», avait déclaré le ministre du Pouvoir populaire pour les Relations extérieures du Venezuela, Rafael Ramirez, au mois de novembre 2014, à Alger, à l'issue d'un entretien avec le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Discrètement l'Algérie a poussé l'Organisation des pays exportateurs de pétrole à se repenser quand bien même apparaît-elle comme un petit producteur comparée à l'Arabie saoudite, l'Iran, ou le Venezuela. La démarche tranche avec le schéma classique qui consiste à baisser la production pour rééquilibrer les cours de l'or noir dès qu'ils s'effondrent. Elle a pris forme, hier, à Doha. «L'Arabie saoudite et la Russie, les deux premiers producteurs de brut, sont convenues mardi, au terme d'une réunion à Doha avec le Qatar et le Venezuela, de geler leur production à son niveau de janvier. Afin de stabiliser les marchés pétroliers, les quatre pays sont convenus de geler la production à son niveau de janvier, pourvu que les autres grands producteurs fassent de même», a annoncé le ministre qatari de l'Energie, Mohammed Saleh al-Sada. Une décision qui a surpris les observateurs les plus avertis du marché. «C'est une surprise totale. Il y avait des rumeurs depuis plusieurs semaines, mais personne ne pensait un accord probable avant la prochaine réunion de l'Opep de juin», constatait Christopher Dembik, analyste chez Saxo Bank. Les plus septiques doutent que cela soit suffisant pour redresser les prix. «C'est toutefois un pas dans la bonne direction et si d'autres producteurs majeurs suivent cet exemple, alors cela devrait contribuer à tout le moins à éviter que les prix du pétrole subissent de nouvelles lourdes pertes», notait Fawad Razaqzada, analyste chez City Index. Il va falloir compter désormais avec le chef de file de l'Opep qui s'est finalement résigné à ne pas rester les bras croisés après avoir largement contribué à la descente aux enfers des cours du pétrole. Ce qui a provoqué un déficit budgétaire historique de 98 milliards de dollars (89,2 milliards d'euros) à l'économie du Royaume wahhabite, en 2015. Riyadh a décidé de réagir. «Cet accord représentait le début d'un processus que nous évaluerons dans les tout prochains mois pour décider si d'autres mesures sont nécessaires pour stabiliser le marché», a indiqué hier à Doha le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi. Comment a réagi le marché à ces déclarations? A l'heure où nous mettons sous presse les cours de l'or noir semblent décidés à signer leur troisième séance de hausse consécutive. Hier vers 12h30, heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord affichait 33,89 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 50 cents par rapport à la clôture de lundi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance grappillait 41 cents pour se négocier à 29,85 dollars... Est-ce la fin de la série noire? Il est encore, certainement, trop tôt pour l'annoncer. La saignée ne devrait cependant pas se prolonger.