Proposée par le FCE, défendue par Ahmed Benbitour, l'idée d 'une banque nationale dédiée exclusivement à l'investissement semble être une mauvaise idée. Le directeur général des petites et moyennes entreprises au ministère de l'Industrie et des Mines, Abdelghani Mebarek a annoncé, mardi dernier à Alger, la mise sur pied prochaine d'une banque qui prendra en charge exclusivement le financement des projets des petites et moyennes entreprises (PME). Selon M.Mebarek, cette nouvelle institution prévue dans le cadre de la loi d'orientation sur les PME présentée par le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb en Conseil du gouvernement et qui sera soumise au prochain Conseil des ministres pour adoption avant sa présentation devant le Parlement, sera chargée d'accompagner le financement de la création des PME. M.Mebarek a précisé également que cette banque ne se limitera pas seulement au financement, mais prendra en charge également l'accompagnement des entreprises, notamment celles confrontées à des difficultés financières en plus de la fourniture d'un soutien administratif, de conseil et d'études pour leur développement. L'autre élément souligné par M.Mebarek, c'est que ce projet de loi a été élaboré en concertation avec toutes les parties concernées et les opérateurs sur le terrain. Par ailleurs, pour donner une consistance à sa démarche, a été prise la décision, dans le cadre de cette nouvelle loi, de restructurer et de réorganiser l'Agence nationale de développement des petites et moyennes entreprises (Andpme), au sens de l'élargissement de ses prérogatives pour la mise en oeuvre de sa politique en matière de développement des PME. Il a rappelé, dans ce sens, que l'Etat a arrêté une série de mesures au profit de ces entreprises que l'agence se chargera ultérieurement, de concert avec tous les acteurs, de leur mise en oeuvre sur le terrain. Selon ce responsable, le texte attendu prend en charge les différentes étapes de création des PME et prévoit des mesures d'accompagnement de leurs activités pour assurer leur pérennité et leur développement car, a-t-il insisté, «l'entreprise est la seule ressource pérenne qui garantisse l'édification d'une économie nationale solide et diversifiée», a-t-il soutenu. Néanmoins, l'optimisme des autorités est loin d'être partagé par les économistes qui, eux, considèrent que ce n'est pas avec «des mesures de rafistolage» que l'on remédie aux maux d'une économie très malade. C'est le cas notamment de Samir Bellal qui trouve «la démarche du gouvernement pas du tout sérieuse», compte tenu de la gravité de la crise. «La crise va bientôt emporter le système. Les mesures que le gouvernement prend pour y parer sont d'une légèreté qui contraste sinistrement avec les dangers qui s'annoncent. C'est une réforme radicale qu'il faut pour sortir de l'ornière de la rente», a-t-il indiqué. Ferhat Aït Ali, expert financier, trouve lui aussi l'idée de mettre en place une banque dédiée exclusivement à l'investissement «cocasse» car, selon lui, «toutes les banques sont des banques d'investissement en théorie, sinon ce sont des casinos». De plus, évoquant les tensions budgétaires et la crise induite par la chute des prix du pétrole, il a fait savoir qu'«il n'y a plus d'argent à donner aux investisseurs». «Les banques n'ont plus d'argent pour financer les investissements. C'est aussi simple que ça. Elles ne produisent pas leur argent, elles se re-financent à la Banque d'Algérie et se capitalisent au Trésor. Or les deux sont dans la dèche. Le gouvernement va sortir l'argent? D'où? En imprimant? Un camion vaudra alors quatre milliards. Qui va l'acheter et avec quel apport?», a relevé M. Aït Ali qui est à l'antipode de ce que fait le gouvernement, une démarche plus large et plus radicale. «Il faut commencer par désigner les créneaux les plus prioritaires aux banques, établir un canevas de coûts de réalisation avec une fourchette standard pour chaque créneau, prioriser les investissements à fort taux d'intégration comme l'agriculture, la pêche, la transformation locale de produits locaux, ensuite ordonner aux banques de les financer sur la garantie de leur fiabilité et de la fiabilité des promoteurs de par leur formation, leurs capacités à les gérer et les lieux d'implantation, sans avoir besoin de créer une autre source de pillage», a-t-il recommandé.