A l'aveugle. Mises bout à bout, les dernières décisions touristico-alimentaires sont loin d'être réfléchies sérieusement. Commençons par cette réunion, lundi dernier, de l'Association des producteurs de boissons (Apab) avec le ministre du Commerce, Bakhti Belaïb. A la fin de longs palabres «Les deux parties ont convenu d'engager une stratégie à mettre en place pour la réduction du sucre dans les denrées alimentaires». Quel immense gâchis! Tout çà pour çà! On s'est mis d'accord pour réfléchir à une stratégie «à mettre en place». Une stratégie pourquoi faire SVP? «Pour réduire le sucre dans les boissons.» Comme s'il n'y avait que ce problème dans toutes ces boissons «synthétiques» commercialisées chez nous. Rien de naturel. Des arômes, additifs, conservateurs et on en passe, tous chimiques. De cela il n'en a pas été question. De qui se moque-t-on? A l'approche du Ramadhan, les «boissons» vendues à la criée dans des sachets anonymes comportent les mêmes nuisances. A cette différence que dans le premier cas, la bénédiction du ministre est déroutante. Dans ce sillage, demain jeudi s'achève une campagne de prévention contre les intoxications alimentaires organisée par...le ministère du Commerce. Le slogan retenu dit que «c'est l'affaire de tous». Oui, mais quand on cautionne des denrées bourrées de produits chimiques il faut s'assumer. D'année en année les cas d'intoxications augmentent dangereusement. Parmi ces cas, il y a également l'absence d'hygiène. Mais comment voulez-vous que le quidam soit sensibilisé si, dans le même temps, les pouvoirs publics voient passer sous leur nez les abattoirs clandestins de Megtâa Kheira pour s'étendre et s'installer, dans les villes, au milieu des cités comme c'est le cas à Blida. Toujours dans ce sillage et devant l'incapacité chronique d'édifier une véritable industrie touristique, il vient d'être décidé, dans l'urgence, la création de camps de toile dans 14 wilayas côtières. «Au profit des familles» est-il précisé. Que des jeunes plantent leurs tentes pour des vacances cela cadre bien avec leur trop-plein d'énergie et leur insouciance. Mais renvoyer à la précarité, des familles qui viennent à peine d'en sortir en bénéficiant des millions de logements neufs est un défi perdu d'avance. Pourquoi n'a-t-on pas pensé à des chalets sur des terrains permanents de campings réellement aménagés. La viabilisation des camps de toile prévus est-elle possible en quelques semaines? Avec le tout-à l'égout ou avec des fosses septiques? Avec des cuisines collectives ou bien chacun devra faire sa popote sous sa tente? Les jus chimiques, l'abattage sans contrôle et le tourisme familial version «camps de réfugiés» disparaîtront naturellement. Si on commence par arrêter de les cautionner!