Malgré les efforts consentis, l'Algérie importe toujours plus de la moitié de ses besoins en produits pharmaceutiques. L'état des lieux du secteur de la pharmacie fait hier, aux débats du FCE sous l'intitulé «Le secteur de l'industrie pharmaceutique», est peu reluisant. En effet, la part de la fabrication locale de médicaments représente 44,98% de la facture globale du médicament qui représente, elle, 91% de la facture globale des produits pharmaceutiques (médicaments, dispositifs médicaux, réactifs ou produits dentaires). En chiffres, l'Algérie produit à peine 1,3 milliard d'euros alors que les médicaments coûtent au pays 2,7 milliards d'euros, et que la facture globale est estimée à 3,07 milliards d'euros. L'analyse de ces chiffres, notamment à l'aune des besoins sans cesse croissants de la population, fait ressortir la dépendance encore importante de l'Algérie en la matière. En, effet, selon, les présent à la rencontre, l'optimisme du ministère de la Santé qui projette de couvrir 70% des besoins en médicaments par la production nationale s'avère «démesurée». En l'absence d'un système de couverture de la perte de change, des opérateurs ont été contraints d'annuler leurs projets, ont relevé certains industriels pharmaceutiques qui sont touchés par les conséquences de la dévaluation du dinar et qui proposent, en guise de solution pour le maintien de leur activité industrielle, la révision à la hausse de leur marge bénéficiaire afin de compenser les pertes. Interpellé sur ce point, Hammou Hafed, directeur général de la pharmacie au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, a indiqué qu'un conseil interministériel a été tenu afin de revoir la marge bénéficiaire des producteurs pour pouvoir, d'un côté, leur permettre de maintenir leur équilibre financier et, d'autre part, réaliser de nouveaux programmes d'investissements. «Le secteur pharmaceutique figure parmi les grandes priorités du projet de loi», a-t-il expliqué. Par ailleurs, M. Hammou Hafed a indiqué que l'industrie pharmaceutique algérienne compte actuellement 143 unités de production dont 80 spécialisées dans le médicament. De plus, il a fait savoir que le secteur dénombre 246 projets dont 31 sont à un stade avancé. «Un engouement remarquable est constaté au cours des dernières années», puisque la production locale a atteint une valeur de 1,3 milliard d'euros en 2015 après avoir été cinq fois moins importante 10 ans auparavant. Sur un autre registre, il a déclaré que la nomenclature des médicaments en compte 4269 dont 2210 de fabrication locale et 1915 d'importation. L'autre point abordé par Hammou Hafed, c'est l'entrée en fonction de l'Agence nationale des médicaments, dont la mission est le contrôle et l'accompagnement de l'industrie pharmaceutique, en 2016. Cette agence, pour rappel, a été créée en 2008 en vertu de la loi 13-8 du 20 juillet, amendant et complétant la loi 05-85 du 16 février 1985, mais qui est restée en veilleuse à ce jour. De son côté, Mohamed Ayad, directeur général de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) a invité les opérateurs à investir dans certaines gammes de produits pharmaceutiques que la PCH, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 75 milliards de DA en 2015, peine parfois à importer, en contrepartie d'un accompagnement. «On accompagne tous ceux qui veulent investir dans l'industrie pharmaceutique», a-t-il indiqué. Ce débat organisé par le FCE intervient dans un contexte où le débat sur la dynamisation de l'industrie pharmaceutique bat son plein. Après l'annonce du lancement par le groupe pharmaceutique algérien Biopharm et la firme allemande de pharmacie Boehringer-Ingelheim d'un projet de fabrication, en Algérie, d'un médicament contre la tension artérielle, Saidal a annoncé que ses produit seraient distribués dans 13 pays africains, à la faveur d'accords signés avec un distributeur exclusif, à savoir la Côte d'Ivoire, le Gabon, le Sénégal, le Cameroun, le Mali, le Congo, la République démocratique du Congo (RDC), le Niger, le Togo, le Bénin, la Guinée-Bissau, le Tchad et la Mauritanie, ce qui a donné naissance à un optimisme presque béat par rapport à l'avenir du secteur. Le constat peu reluisant fait par les industriels présents à la rencontre du FCE tombe, pour ainsi dire, comme un cheveu sur la soupe et rappelle que bien des choses restent à faire.