L'optimisme du ministère de la Santé qui projette de couvrir 70% des besoins en médicaments par la production nationale s'avère «démesuré», selon des industriels pharmaceutiques. En l'absence d'un système de couverture de la perte de change, des opérateurs ont été contraints d'annuler leurs projets, ont relevé hier à Alger des chefs d'entreprise participant aux «débats» du FCE sur «le secteur de l'industrie pharmaceutique». Subissant de plein fouet les conséquences de la dévaluation du dinar, plusieurs industriels ont appelé le ministère de la Santé à réviser à la hausse leur marge bénéficiaire afin de compenser les pertes. En réponse à cette requête «pressante», le directeur général de la pharmacie au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Hammou Hafed, a indiqué qu'un conseil interministériel a été tenu par le ministère afin de revoir la marge bénéficiaire des producteurs pour pouvoir, à la fois, maintenir leur équilibre financier et réaliser de nouveaux programmes d'investissements. D'autres réunions sont prévues à l'avenir pour apporter des solutions pérennes dans le cadre du projet de loi sur la santé. «Le secteur pharmaceutique figure parmi les grandes priorités du projet de loi», a insisté Hammou Hafed. De son côté, Mohamed Ayad, directeur général de la Pharmacie centrale des hôpitaux (Pch), a invité les opérateurs à investir dans certaines gammes de produits que la Pch peine parfois à importer en contrepartie d'un accompagnement. Selon Hammou Hafed, l'industrie pharmaceutique compte actuellement 143 unités de production dont 80 spécialisées dans le médicament. Le secteur dénombre 246 projets dont 31 sont à un stade avancé. «Un engouement remarquable est constaté au cours des dernières années» puisque la production locale a atteint une valeur de 1,3 milliard d'euros en 2015. En l'espace de dix ans, souligne-t-il, «cette valeur a été multipliée par cinq». La nomenclature des médicaments compte 4269 dont 2210 de fabrication locale et 1915 d'importation. Quant à la facture d'importation des produits pharmaceutiques, elle était de 3,07 milliards d'euros en 2015 dont 2,7 milliards d'euros consacrés pour les médicaments, soit 91%. Pour les produits pharmaceutiques, la facture d'importation a baissé de 132,54 millions d'euros, soit 7% en 2015 comparativement à 2014. Les prévisions d'achat de la PCH pour 2016 sont de l'ordre de 70,62 milliards de DA, contre 62,9 milliards de DA en 2015. Malgré la conjoncture économique défavorable, «les dépenses relatives aux médicaments sont maintenues», notamment pour les classes cancérologie et hématologie qui connaissent une évolution en approvisionnement.