La wilaya de Tizi Ouzou compte 4600 apiculteurs Les producteurs de miel de Kabylie risquent de voir leur production réduite de moitié, cette année, à cause des dernières pluies qui ont fait prolonger le printemps. Ce phénomène conduit à une forte propension à l'essaimage des ruches d'abeilles. Les colonies érigent un grand nombre de cellules royales provoquant une diminution de force pour produire sur les miellées. D'où donc le risque important sur la production de cette année. Selon des apiculteurs interrogés, le phénomène de multiplication des essaims à un rythme élevé se poursuit encore dans le rucher du Djurdjura ainsi que dans la Mitidja et la vallée de la Soummam. Contacté, le président de l'association des apiculteurs professionnels du Djurdjura, Salem Touati, nous a expliqué avec d'amples détails ce phénomène qui menace la production malgré ses effets positifs à moyen terme. Notre interlocuteur affirme donc que ce phénomène est dû au développement des colonies d'abeilles favorisé par un hiver très clément et des pluies tombées au bon moment. Ce climat étant favorable pour une végétation prospère a amené une situation où le sainfoin (hédysarum cornioruium) couvre tous les piémonts argileux du Djurdjura. Notre race qui est caractérisée par un développement explosif du couvain ne peut qu'essaimer si l'apiculteur n'a pas procédé à l'essaimage artificiel par le prélèvement des essaims. Aussi, afin de limiter les dégâts et sauver la production de cette année, une vaste campagne de sensibilisation est menée auprès des apiculteurs qui sont au nombre de 4600 à travers la wilaya de Tizi Ouzou. Ce travail de terrain se fait grâce à la volonté des membres de l'association en partenariat avec la direction locale de l'agriculture. Une sensibilisation visant donc à lutter contre ce phénomène lié essentiellement aux conditions climatiques consistant à sensibiliser les apiculteurs, poursuivre le développement des colonies, rajeunir les reines avec des souches non essaimeuses, changement des bâtisses avec des cadres à construire, pose des hausses au bon moment, faire connaître les plantes mellifères et leur impact sur les colonies d'abeilles, notamment la bruyère et le sainfoin. Selon le président de l'association des apiculteurs du Djurdjura, ces plantes possèdent une caractéristique qui déclenche l'essaimage.Par ailleurs, ce phénomène et ses conséquences sont l'occasion aussi pour évoquer d'autres entraves qui empêchent la filière de se développer au rythme voulu. Le manque de moyens techniques tels que le laboratoire de certification est un véritable handicap pour la commercialisation de ce produit noble. Sa mise sur les places marchandes internationales relève quasiment de l'impossible. Chose nouvelle, les apiculteurs peuvent, selon Salem Touati, se constituer en groupements coopératifs pour se rapprocher du laboratoire mis en place cette année pour la labellisation des produits agricoles. Ces groupements permettront alors la labellisation de toutes les variétés de miel. Enfin, rappelons que la production nationale de miel peut se hisser aux meilleures qualités proposées sur les marchés internationaux. Son absence actuelle n'est pas due au manque de professionnalisme des apiculteurs, mais au manque de volonté des pouvoirs publics. Un simple laboratoire mis à la disposition des apiculteurs pourra les installer sur ces places marchandes internationales. N'est-ce pas que les meilleurs miels proposés sont aussi produits en grandes quantités par les apiculteurs algériens à l'instar du miel du jujubier, l'un des plus chers produits au Yémen qui est vendu à des prix dérisoires en Algérie.