La vague de froid et les chutes intenses de neige, qui frappent l'ensemble du pays depuis mardi dernier, ont mis la localité de Larbaâ Nath-Irathen qui se situe à 930 m d'altitude dans une situation d'isolement total du reste du monde. La neige qui a couvert les collines de la région a atteint parfois 1,20 m d'épaisseur, ce qui a bloqué tout les axes routiers menant ou traversant l'ex-Fort-National à commencer par la route nationale n°15, qui relie Tizi Ouzou à Bouira par le col de Tirourda. De même, les routes reliant les différents villages du chef-lieu de la commune étaient jusqu'à hier (samedi) fermées à la circulation malgré la réquisition par les autorités locales des divers engins (chasse-neige, niveleuses, pelles mécaniques, afin de débloquer les passages vers le centre-ville. Les villageois étaient obligés de faire des dizaines de kilomètres à pied pour rejoindre le centre urbain pour s'approvisionner en produits alimentaires, et autres moyens de chauffage (gaz butane, fuel) ainsi que des médicaments. La daïra de Larbaâ Nath-Irathen a enregistré depuis le premier jour de ces intempéries la mort de trois jeunes électrocutés dans le village d'Aït Yacoub dans la commune d'Irdjen alors qu'ils donnaient un coup de main aux agents de la Sonelgaz qui se sont déployés pour rétablir l'électricité dans le village. L'Armée nationale populaire présente dans la région a enregistré de son côté la perte de l'un de ses éléments au niveau du campement militaire d'«Aman Izeggaghen». Plusieurs affaissements de terrains et effondrements de vieilles bâtisses ont été signalés çà et là sans pour autant causer de pertes en vies humaines. Le secteur sanitaire de Labaâ Nath-Irathen a, de son côté, mobilisé de grands moyens pour permettre l'évacuation des malades et enceintes vers l'hôpital comme c'est le cas d'une femme évacuée dans un véhicule 4x4 du village Icheridene distant du chef-lieu de la daïra de neuf kilomètres. L'acheminement des marchandises vers la localité était jusqu'à hier matin quasi impossible, et ce n'est qu'à partir de l'après-midi et après que la route vers Tizi Ouzou fut débloquée que les premiers convois commençaient à arriver. Mais ce n'est pas sans difficultés que les habitants ont pu s'approvisionner, à l'image de ce camion transportant du lait qui fut envahi par une marée humaine dans l'espoir de revenir à la maison avec au moins un sachet de lait. Un père de famille rencontré au centre-ville une bouteille de gaz vide à la main nous a exprimé son désarroi et sa déception: «J'ai fait cinq kilomètres pour remplir cette bouteille à Aguenoum où un bienfaiteur et entrepreneur de profession s'est donné la peine de penser à la population et assurer l'approvisionnement de la localité en gaz butane, mais malheureusement, je reviens bredouille.» Les conditions climatiques extrêmes de ces jours avec en sus d'éventuelles tempêtes de neige prochainement font craindre le pire à la population.