Valls l'ami d'Israël cajole Netanyahu au Bourget lors de la COP 21 Si le président François Hollande a dépêché son Premier ministre pour tenter de «réchauffer» les rapports avec l'Etat hébreu, c'est bien parce qu'il compte, exagérément peut-être, sur les liens «affectifs» que Manuel Valls se targue volontiers d'entretenir avec Israël depuis 2011. Depuis samedi, et pour trois jours, le Premier ministre français Manuel Valls est en visite en Israël et dans les territoires palestiniens pour essayer de convaincre son homologue Benjamin Netanyahu de l'opportunité qu'offre la conférence de Paris sur la paix au Proche-Orient. Se disant «très attaché à l'équilibre de son déplacement», Valls souhaite convaincre sur la volonté de la France hollandaise de conserver des relations équilibrées avec les deux partenaires israélien et palestinien. Une gageure quand on connaît l'itinéraire particulièrement sinueux du militant socialiste qui, en novembre 2015, à l'occasion du dîner annuel du consistoire juif de France (CRIF) n'hésitait pas à déclarer que «l'antisionisme est tout simplement synonyme de l'antisémitisme et de la haine d'Israël». Versé dans le double langage, l'ancien maire d'Evry avait, à l'époque, milité farouchement contre l'expansionnisme d'Israël et jumelé la ville d'Evry avec Khan Younès, dans la bande de Ghaza. C'était en 2006. Les défenseurs français des droits du peuple palestinien situent le revirement à fin 2009. «Il y a eu un virage à partir de 2009-2010», indique Bertrand Heilbronn, le président de l'association «Evry- Palestine». L'homme qui participait à de nombreuses manifestations de soutien à la cause palestinienne et qui prônait même, lors de l'opération «Rempart» en 2002 qui permit à l'armée sioniste d'occuper la Cisjordanie, d'«amener les gouvernements et les Parlements à suspendre l'Accord d'association entre l'UE et Israël» a cédé place à un responsable du PS, aujourd'hui Premier ministre, dont la reconnaissance politique est pieusement dévolue au sionisme et à Israël. L'équilibre dont se targue la diplomatie française et les services de Matignon est celui du funambule sur une corde distendue. Présent jusqu'à lundi midi à Tel-Aviv, Valls va rencontrer Netanyahu avant de se rendre dans la soirée à Bethléem, El Qods occupée et Ramallah pour un entretien avec le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah. Si le président François Hollande a dépêché son Premier ministre pour tenter de «réchauffer» les rapports avec l'Etat hébreu, Netanyahu les ayant douchés, voici quelques jours, en exprimant des doutes quant à «l'impartialité» de Paris sur la question israélo-palestinienne, c'est bien parce qu'il compte, exagérément peut-être, sur les liens affectifs que Manuel Valls se targue volontiers d'entretenir avec Israël depuis 2011, date de son mariage avec Anne Gravoin (Sur la radio Judaïca, il se déclarait, aussitôt, lié «par [sa] femme, de manière éternelle, à la communauté juive et à Israël». Cette même année, n'a-t-il pas fait partie des 110 socialistes qui se sont opposés à la reconnaissance de l'Etat de Palestine par l'ONU? Netanyahu qui vient de «muscler» à l'extrême son gouvernement avec le belliqueux et arabophobe Avigdor Liebermann comme nouveau ministre de la Défense a donc raison de douter de l'impartialité de la France socialiste, mais là où il fait semblant de faire fausse route, c'est que cette impartialité est, surtout, douteuse du côté palestinien. On est loin de la «politique arabe» de la France telle que tracée par le général de Gaulle et parachevée par Jacques Chirac, le dernier des Mohicans par rapport à cette doctrine. Si la domination d'Israël et du lobby sioniste sur la politique des Etats- Unis est totale, hypothéquant pour de nombreuses décennies encore l'espoir d'une solution négociée, mutuellement acceptable par les deux parties en conflit, l'ambiguïté de la démarche française aura rarement atteint un tel degré d'inanité. On voit mal comment Hollande va réussir son pari dans une partie d'échecs où tout indique que les pièces maîtresses sont d'ores et déjà caduques.