Des actions concrêtes seront prises «On ne peut revenir sur ces contrats à long terme qui sont les seuls viables pour nous», a soutenu le ministre de l'Energie. Hier se tenait à Alger le forum Algérie-Union européenne sur l'énergie. L'occasion donnée à l'UE de tenter de faire pression sur l'Algérie pour une révision des contrats gaziers à long terme. D'ailleurs, la question n'a pas cessé d'être évoquée tout au long des interventions. Ce qui a fait réagir avec virulence le ministre de l'Industrie lors du point de presse qui s'est tenu en marge de cette rencontre. «On parle beaucoup de cette question. Il faut d'abord rappeler que le gaz nécessite des investissements colossaux. D'abord, pour son exploration, ensuite, son exploitation et puis son transport et sa retransformation pour sa distribution. Tout cela a un coût! Allez-trouvez ces financements...», lance t-il avec colère. «On sollicite des organismes internationaux spécialisés dans ce genre de financement. Mais ces prêts sont sur le long terme et seuls les contrats à long terme peuvent constituer une garantie», poursuit-il avec la même fouge. «Alors on ne peut revenir sur ces contrats à long terme qui sont les seuls viables pour nous. S'il y a des entreprises qui sont prêtes à faire ce genre d'investissements, on leur ouvrira grandes les portes et on est prêt à leur donner des contrats à court terme...», rétorque le ministre de l'Energie pour faire comprendre la vision ferme du gouvernement sur la question. Salah Khebri balaye donc toute éventualité de révision de ces contrats qui permettent pour le moment au gaz algérien d'être rentable. Surtout avec la situation économique actuelle et la détermination du gouvernement à poursuivre ses investissements dans le domaine de l'énergie. «La combinaison entre les projections d'accroissement de la consommation nationale en énergie et les besoins d'exportations engage, en conséquence, l'Algérie à poursuivre les efforts d'exploration pour élargir la base de ses ressources et poursuivre la transformation du mix énergétique et du mode de consommation d'énergie», a avancé le ministre. C'est ainsi qu'un accroissement des activités d'exploration et de développement des gisements, en utilisant les différentes technologies de récupération, est prévu à moyen terme, a-t-il relevé lors de cette rencontre tenue en présence du commissaire européen chargé de l'Action climatique et de l'Energie, Miguel Arias Canete, et des représentants de 700 entreprises dont plus de 200 sociétés européennes. «Ce recentrage de la stratégie énergétique du pays a, d'ailleurs, été mis en oeuvre dès la fin 2015», a-t-il affirmé. Rappelant que l'Algérie a développé ses capacités d'exportation des hydrocarbures pour assurer un approvisionnement sûr et continu de ses clients en maintenant son statut de fournisseur fiable même dans les conditions les plus difficiles, Khebri a fait savoir que la capacité d'exportation gazière du pays a été portée à près de 90 milliards m3/an dont plus de 50 milliards m3/an via les trois gazoducs dédiés à l'Europe, et le reste sous forme de GNL. «Les relations entre l'Algérie et l'UE sont fortes, et l'énergie y occupe une place de choix. La rencontre d'aujourd'hui vise à renforcer encore davantage ces relations», a-t-il assuré. Concernant la production des hydrocarbures, elle a atteint près de 200 millions de TEP en 2015 et devrait reprendre progressivement sa croissance dès 2016 pour atteindre 241 millions TEP en 2020. Pour concrétiser cette stratégie et maintenir sa position de partenaire énergétique fiable, l'Algérie prévoit encore d'engager de gros investissements dans le secteur des hydrocarbures dans les prochaines années, a-t-il précisé. Le volume des investissements prévus par Sonatrach pour 2016-2020 dépasse les 73 milliards de dollars dont les deux tiers pour les activités d'exploration-production, selon lui. Des investissements de «grande ampleur» dans les hydrocarbures, dont les montants cumulés ont dépassé, entre 2000 et 2015, les 100 milliards de dollars, ont déjà été consentis par Sonatrach et ses partenaires. «Ce qui dénote la volonté du pays de maintenir ses engagements en matière de stratégie de développement de la branche exploration-production malgré les prix bas», a-t-il soutenu. Etant donné les «besoins immenses dans le secteur de l'énergie, les opportunités qui s'offrent aux investisseurs sont donc très nombreuses», a tenu à préciser le ministre, en invitant les opérateurs algériens et européens à profiter de ce forum pour nouer de nouvelles relations et jeter les «bases réelles d'un partenariat stratégique Algérie-UE». C'est dans ce sens que ce forum vient à point nommé pour mettre en relation les hommes d'affaires qui sont invités à trouver les synergies nécessaires pour concrétiser des partenariats mutuellement bénéfiques, a-t-il expliqué. Par ailleurs, il a relevé que le programme des énergies renouvelables, pour lequel un texte sur le tarif d'achat garanti de l'électricité d'origine renouvelable a été mis en place, constituait une opportunité de créer, en partenariat, une industrie nationale du renouvelable. Ce premier forum sur l'énergie s'inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre du Mémorandum de partenariat stratégique Algérie-UE, signé en juillet 2013, couvrant essentiellement les branches des hydrocarbures, énergies renouvelables et l'efficacité énergétique, la réforme du cadre juridique, le développement des infrastructures et le transfert de technologie. Selon M.Khebri, un bilan de cette rencontre sera établi et des actions concrètes seront prises pour aller de l'avant dans la construction du processus de mise en place d'un partenariat stratégique Algérie-UE dans le secteur énergétique. Il aura ainsi montré que l'Europe tient toujours autant au gaz algérien, et pourquoi pas aux énergies renouvelables...