Beaucoup de sites d'information activent en offshore Leurs statuts existent sur papier depuis plus de quatre ans, mais sur le terrain ils ne sont pas encore considérés comme des médias algériens à part entière. Et pourtant... L'audiovisuel privé n'est pas le seul «souk» de l'information en Algérie! Derrière cette grande forêt, il y a une «jungle» qu'on appelle site d'information. Comme les chaînes de télévision, ils activent aussi en «offshore», c'est-à-dire de droit étranger. Pourtant, depuis 2012 la loi leur définit un statut de médias nationaux. La loi organique n° 12-05 du 12 janvier 2012 relative au Code de l'information est venu combler le vide juridique pour leur donner une existence officielle en consacrant un chapitre à la presse électronique. L'article 67 de ce chapitre stipule qu'il est «entendu par presse électronique, au sens de la présente loi organique, tout service de communication écrite en ligne destiné au public ou une catégorie de public, édité à titre professionnel par une personne physique ou morale de droit algérien qui a la maîtrise de la ligne éditoriale de son contenu». Ce Code de l'information vient donc donner une existence légale à ces médias 2.0. Il leur confère d'ailleurs les mêmes droits et devoirs que les médias classiques. «L'activité de presse électronique et l'activité audiovisuelle en ligne s'exercent dans le respect des dispositions de l'article 2 de cette loi organique», est-il écrit dans l'article 71 en faisant référence à l'article 2 du même code qui définit les prérogatives des médias en général. Néanmoins, près de quatre ans après la promulgation de cette loi, les sites d'information ne sont pas encore considérés comme des médias algériens à part entière. Pourtant, certains d'entre eux se sont véritablement professionnalisés pour devenir de vraies forces médiatiques. Leurs journalistes travaillent sur le terrain, comme les journalistes des médias classiques. Mais ils n'ont pas le même statut. D'ailleurs, ils n'ont aucun statut. Ils ne peuvent même pas avoir leur carte de presse. Ils sont dans la même situation que les chaînes privées. Ce qui a poussé certains d'entre eux à se faire accréditer comme médias étrangers. Mais est-ce la solution? Ces journaux Web qui font pourtant travailler des Algériens ne peuvent pas aspirer à des aides de l'Etat. Pis encore, ils échappent à tout contrôle ce qui ouvre la porte à tous les dérapages, étant donné qu'ils ne peuvent répondre de leurs actes devant la justice algérienne. Mis à part les gros sites qui sont arrivés à s'imposer et qui se sont professionnalisés. Ils ont une réputation de médias sérieux et s'autorégulent en donnant de l'information fiable et vérifiée. Cependant, ils sont une minorité dans un monde où l'on peut créer en un clic un site qu'ils vont appeler média électronique. On en voit tous les jours de nouveaux où l'insulte et l'invective sont le maître mot. Ils tentent de faire le «buzz» en inventant des histoires qui font vendre et qu'ils propagent sur les réseaux sociaux. Dans leur guerre des clics, certains d'entre eux sont même allés jusqu'à faire paraître de fausses pub pour jouer à la manipulation et prêter à confusion! Or, lorsqu'on cherche le propriétaire sur lequel est inscrit le domaine, on découvre, stupéfait, que ce n'est même pas un Algérien, mais un Tunisien! Certes, on ne pourra jamais empêcher la création de ce type de portails Web. Mais en leur donnant une existence légale, ils pourront être identifiés, ce qui permettra aux lecteurs de faire la différence entre les journaux électroniques et les autres...