Enlevant ses gants, Ahmed Ouyahia a estimé, hier, qu'il faut désormais nommer les problèmes et les affronter au lieu de se complaire dans des certitudes absurdes qui ne feront que faire perdre du temps à l'Algérie. Dans un discours prononcé à l'occasion de l'ouverture du conseil national du RND à Zéralda, Ahmed Ouyahia a accusé, encore une fois, l'étranger de vouloir attenter à la stabilité de l'Algérie, non sans faire allusion à la France et au Maroc. «Ces complots sont colportés par deux parties. La première n'a jamais accepté l'indépendance de l'Algérie et la deuxième reproche à notre pays ses positions pour l'autodétermination du peuple sahraoui», a-t-il indiqué en soulignant que «ces parties, souligne Ouyahia, s'appuient sur des mercenaires politiques internes», à savoir «ceux qui revendiquent l'autodétermination de la Kabylie et de la région du M'zab». Néanmoins, bien que «le complot» qui vise l'Algérie ne soit pas des moindres et qu'il importe de le prendre au sérieux, Ahmed Ouyahia évoque un autre problème, non moins important, auquel fait face l'Algérie: la crise financière induite par la chute des prix du pétrole. En effet, selon lui, quand bien même la politique vigilante et protectionniste du président de la République durant les dix dernières années laisserait encore une marge de manoeuvre appréciable au gouvernement, et quand bien même le gouvernement déploierait des efforts considérables, il est recommandé «de ne pas négliger les risques qui découlent de cette conjoncture», a-t-il relevé. De plus, rappelant que les négligences passées ont coûté cher à l'Algérie, il a appelé à la vigilance constante. «La tragédie nationale, dont les blessures n'ont pas encore été cicatrisées, est là pour nous rappeler le prix des certitudes excessives ou des négligences mortelles. Alors péchons aujourd'hui par excès de prudence et de vigilance, plutôt que d'être surpris encore une fois», a-t-il déclaré. Revenant sur la question de l'endettement extérieur qui a fait couler beaucoup d'encre, Ouyahia a qualifié le recours à cette option «de solution facile» avant d'en énumérer les conséquences fâcheuses. «Nous ne devons pas céder aux appels aux solutions de facilités dont le recours à l'endettement extérieur, lequel, en cas d'excès, pourrait dans quelques années hypothéquer la souveraineté économique du pays et exposer la population à des mesures sociales dramatiques, comme cela fut le cas déjà dans le cadre de l'ajustement structurel sous l'égide du FMI, alors que l'Algérie était dans l'incapacité de faire face au remboursement d'une dette extérieure qui culminait à 30 milliards de DA», a-t-il expliqué, en appelant à tirer les leçons de «notre douloureuse expérience», durant la décennie noire et à «la mise en oeuvre des réformes économiques nécessaires en en préservant la justice sociale». Par ailleurs, Ahmed Ouyahia a souligné que la prise en charge des défis nationaux, sécuritaires et économiques «nécessite un consensus national, ou tout le moins de la sérénité dans le pays». «Le RND appelle à l'avènement d'un consensus politique dans le respect de la Constitution, des institutions de la République ainsi que de la volonté du peuple exprimée démocratiquement par la voie des urnes», a-t-il affirmé. «Le RND n'acceptera jamais que l'Etat soit outragé dans l'impunité, car cela n'est dans l'intérêt de personne comme nous l'a enseigné un passé encore récent», a-t-il ajouté, avant de préciser que la dernière révision de la Constitution a mis en place les jalons d'un Etat de droit. «La dernière révision constitutionnelle a permis à l'Algérie de consolider son Etat de droit et ses libertés démocratiques. Cette révision a renforcé les droits politiques de l'opposition. Elle a apporté aussi des garanties supplémentaires à la liberté d'investir dans le respect de la loi», a-t-il dit.Evoquant les différentes résolutions ayant sanctionné les travaux du congrès, M.Ouyahia a réaffirmé le soutien de son parti au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, en précisant que le projet de règlement intérieur que le conseil national aura à discuter «complètera le statut adopté par le congrès» et que «ces deux textes constitueront ensemble une charte canalisant la conduite de chaque militant», faisant ainsi allusion aux cadres des wilayas de Tizi Ouzou et de Mascara où le parti enregistre des turbulences récurrentes.