Le temple du savoir attaqué «La situation est préoccupante, mais il faut prendre les mesures justes et nécessaires.» L'avenir du baccalauréat n'est pas tranché. Le gouvernement n'a pas encore donné son avis sur la possibilité de refaire ou pas ces épreuves marquées par une fuite massive des sujets d'examens. Avant-hier, la ministre de l'Education s'est réunie avec ses partenaires sociaux dans la perspective de trouver une solution rationnelle à cette situation, avant de prendre la destination du Palais du gouvernement, où elle avait rencontré les hautes instances de l'Etat. Jusqu'à hier, rien n'a filtré sur ce qui a été décidé au sujet du baccalauréat. Ce que proposent le ministère et les syndicats Dans un communiqué rendu public, consacré à l'évaluation du déroulement des examens du baccalauréat vécu sous les nerfs, le ministère de l'Education a reconnu l'existence de la fuite des sujets, et affirme dans ce sens que «les enquêtes diligentées immédiatement ainsi que les mesures élaborées selon des protocoles précis ont permis notamment au centre de prévention et de lutte contre la criminalité informatique et cybercriminalité de la Gendarmerie nationale, d'identifier les plateformes d'échanges, plus de 15, ainsi que les profils facebook de 150 identifiés dont certains domiciliés à l'étranger». Pour ce qui est des cas de triches enregistrés, le communiqué du ministère de l'Education a indiqué que «les premiers éléments de conclusion font ressortir, sur un plan interne, la restriction des pratiques traditionnelles de triches et fraudes dans les salles d'examen, copiage, usage de documents miniaturisés, l'exclusion de 221 candidats pour usage des technologies de la communication (téléphone portable), des sanctions contre les retardataires 907 cas dont 728 candidats libres 80% et 179 candidats scolarisés 20%». Par ailleurs, l'organisation des examens du baccalauréat qui ont pris fin avant-hier, a suscité un débat houleux au sein de la société qui s'interroge sur l'avenir du baccalauréat 2016. Quelle solution pour sortir de cette situation? Pour la première responsable de la tutelle, «la situation est préoccupante, mais il faut prendre les mesures justes et nécessaires et ce que nous allons faire». Pour le département de la tutelle, il est question de prendre «les mesures nécessaires lors de l'opération de correction afin d'assurer l'équité et l'égalité des chances entre tous les candidats», un point de vue qui n'est pas partagé par ses partenaires sociaux qui indiquent, pour leur part, que la proposition du ministère de l'Education est «impossible à réaliser sur le terrain», en proposant comme solution envisageable de «refaire les épreuves du baccalauréat». A vrai dire, le gouvernement est confronté à une situation difficile à résoudre par une simple décision. Dans le cas où l'annulation de cet examen se précise, le ministère de l'Education sera à nouveau appelé à convaincre ces milliers de candidats de refaire les épreuves du baccalauréat, chose qui n'est pas aisée. Dans le cas contraire, c'est la crédibilité du diplôme et celle de l'Ecole algérienne qui seront remises en cause. Les islamistes redoublent de férocité En effet, au lieu de chercher dans le fond du problème et de proposer les solutions qui vont avec, des déclarations incendiaires ont été faites ces derniers jours par ces militants conservateurs, qui ont trouvé à travers cette brèche une occasion opportune pour se lancer dans l'offensive contre, Mme Benghebrit. La colère des islamo-conservateurs dépasse de loin les limites, les partis islamistes, des syndicats et même certains parents d'élèves se dressent tous contre la ministre de l'Education désignée comme la seule responsable de cette «débâcle.» Pour rappel, depuis son arrivée à la tête du ministère de l'Education il y a un an, la tête de Mme Nouria Benghebrit, avec ses ambitions d'aller plus loin en faisant de l'Ecole algérienne un endroit de savoir est mise à prix et son enthousiasme se heurte à une pensée rétrograde qui ne rate aucune occasion pour montrer ses griffes contre sa personne. Certes, la ministre de l'Education comme première responsable du secteur a sa part de responsabilité dans ce qui s'est passé, mais le problème des fuites dépasse la personne de Nouria Benghebrit et son département. Il s'agit bel et bien d'une cybercriminalité. Stigmatisée la personne de la ministre de l'Education n'est pas une solution, d'ailleurs même son départ ne résoudra pas le problème. Enfin, il faut dire que tout le monde est concerné par cette affaire, parents d'élèves, syndicat, ministère de l'Education, chacun a sa part de responsabilité dans ce qui s'est passé. Il faut penser dès maintenant à la refonte du système d'évaluation du baccalauréat voire trouver une solution pédagogique à cette fraude et cette fuite des sujets du baccalauréat.