Le président a préféré couper la poire en deux Pour ne pas être en reste du monde, nos policiers sont souvent agressés. Heureusement, la justice est là, debout, ferme, rigoureuse... «tolérante...». L'émotion était à son comble, juste après que Louisa Hanoune avait quitté la salle d'audience, le coeur rafraîchi par le tableau qu'elle venait de vivre, avec surtout un juge pas facile à manier et un avocat aux ergots ouverts. Oui, le détenu qui a ouvert le bal à la section «détenus» n'avait pas le moral: oui mais alors pas du tout. Avec huit «nuitées» aux Quatre ha, il a dû remettre les pieds au sol, après l'envol de cette maudite journée où ce taxi-driver avait eu une prise de bec avec un policier qui n'a pas eu le temps ni le réflexe d'éviter l'assaut de cet enragé qui a sauté au cou du flic, qui n'a pas réalisé ce qui venait de lui arriver. Une raclée dans les règles du judo, de la boxe et autres sports violents dont il se souviendra longtemps: très longtemps. Ce taxieur barbu à la mine toutefois sympathique était debout prêt à sauter au cou du policier, victime non pas pour une''fessée-bis'' mais, pour probablement demander pardon pour son geste irréfléchi et stupide. L'assistance était bouche bée au moment où la victime avait parlé de l'ouragan qui lui a fait subir beaucoup de mal, avec au bout du chemin un arrêt de travail de 10 jours. Une véritable raclée faisant oublier au détenu que la police était une autorité. Et quelle autorité! L'Etat en uniforme. Et cela, beaucoup de jeunes ont tendance à l'oublier. C'est un peu comme cet inculpé qui a des parents qui nagent dans des milliards, qui s'oublie et s'adresse à un magistrat de la même manière qu'il le fait avec son boy. Et le juge du siège d'avertir: «Attention, petit, les milliards de la famille ne pourraient rien si, d'un coup de stylo à bille je vous envoyais en taule pour un bon bout de temps avec cette grave inculpation d'outrage à magistrat en pleins débats! Oui, attention, petit! ne poussez pas à bout le tribunal qui préfère que vous répondiez aux questions et cessiez de «bomber» à la barre!» Visiblement le journalise - star - TV ignorait tout d'une salle d'audience et ne savait même pas qu'un inculpé était tenu de répondre aux seules questions dans la limite du contenu desdites questions et qu'il ne pouvait en aucun cas commenter. Heureusement que le refus de Bourezg, le juge de renvoyer le procès, l'avait un tant soit peu calmé et c'est tant mieux. Et lorsque Me Saïd Bouneb eut réclamé non pas la clémence du tribunal mais l'indulgence, Bourezg en excellente condition physique ce mercredi où le vent venant de l'ouest apportait une fraîcheur ramadhanesque se décontracta car il venait de se régaler d'une très belle intervention où le bavardage, l'amphatie, les mots creux étaient «non grata» et donc la bienvenue à Hamid W. qui était 'dedans'' aux Quatre ha d'El Harrach (Alger) commençait à cligner des yeux d'où le regard hagard du début du procès avait déserté les lieux... Il est vrai aussi que Noureddine Kassem, le vigilant parquetier s'était limité aux 18 mois ferme pour outrage, coups et blessures sur un agent de la Dgsn qui avait pris la précaution de constituer un jeune avocat qui n'avait pas été tranchant. Il y avait en face, Me Bouneb: il s'était limité à rappeler que les éléments du service d'ordre, quels que corps qu'ils relèvent, effectuent un boulot immense et qu'ils avaient droit à plus de considération. «La loi doit être appliquée. La victime a reçu une raclée inhumaine.Le tribunal sait ce qu'il lui reste à faire!», avait articulé l'avocat Me Bouneb, lui avait joué un coup de poker en lançant avec beaucoup de «ruse»: «Monsieur le président, je ne vais pas demander les circonstances atténuantes. Elles se trouvent dans le dossier de fond que je vous ai remis tout à l'heure. Je me dois seulement de vous dire que les 18 mois fermes réclamés par le procureur ne vont pas rendre service ni la santé au détenu. La loi veut qu'il soit condamné, mais la raison veut aussi qu'une peine assortie du sursis ou encore une amende ferme, soient retenues. Je vous demande en outre d'user de votre pouvoir discrétionnaire et juger juste. Il a un sale diabète. Il vomit souvent. Il n'est pas bien. Laissez-le rejoindre de sa famille surtout que son casier est plus blanc que la blancheur des lueurs de l'aube!» L'avocat avait touché juste, car à l'issue d'une courte mise en examen, le président a préféré couper la poire en deux. Il a certes condamné l'inculpé à six mois d'emprisonnement, mais assorti du sursis avec une amende ferme de 30.000 DA. La justice a joué son rôle. Le taxi-driver, barbu n'est pas prêt à récidiver car avec une semaine en taule, il a compris sa douleur et bien compris son geste...