Celui qui s'en est pris aux policiers est sur la défensive... Qu'il était gris ce mercredi de janvier! Ce mercredi, cet unique fait relevé à El Harrach et le centre d'Alger a toujours permis aux fins observateurs avertis et curieux des coïncidences avérées, tous les mercredis ont été gris même en juillet-aôut! Et ce mercredi donc, Fella Ghezloune, la dynamique présidente de la section correctionnelle d'El Harrach (cour d'Alger), avait la mine «ensoleillée» contrairement à cette journée donc. Et son rôle lui, était «ombrageux», hideux, exécrable, intenable. Il y avait de tout. De l'émission de chèque en bois aux coups sur ascendants, en passant à la conduite en état d'ivresse, le non-paiement de la pension alimentaire, l'abandon de famille, au vol par effraction et à l'arraché et autres rixes, insultes, menaces et coups et blessures volontaires à l'aide d'armes blanches. Pourtant, Allal R. vingt ans, comparaît pour un très grave délit, il s'en est pris aux policiers. Oui, pour être grave, ce méfait l'est. Et il est salement puni. Salement puni car les policiers, à chaque fois qu'ils sont insultés, agressés, humiliés, ont un seul avocat.: leur chef: le procureur de la République qui s'occupe personnellement de l'audition des parties avant d'adresser l'inculpation. Le détenu, lui, debout en face de Ghezloune avait une tête à claques. Son nez est bas, le menton dans le cou carrément depuis qu'il a vu la grimace de la juge du siège. La juge qui n'avait pas tardé à sonner le hallali: -«Alors, on s'attaque au corps debout? on s'en prend à ceux qui veillent sur le repos des citoyens et de la sécurité de leurs biens? C'est insupportable et non admis, à la limite. D'abord, dites-moi, inculpé: aviez-vous, oui ou non, insulté les policiers et tenté de résister à votre interpellation? La réponse est oui ou non. Le tribunal ne permet aucun écart ni dribbles!» a récité, le teint frais, la magistrate. L'inculpé ne répond rien. Il se tait comme s'il cherchait une issue de secours ou une porte de sortie, prendre ses jambes à son cou et détaler le plus loin de cette maudite bâtisse où l'on avait ramené une quarantaine de détenus, tous feux dehors, sur les chapeaux de roues, dans un fourgon plus hideux que les plus dangereux des récidivistes. Or, ce que ne savait pas du tout le détenu, ce sont les durs termes de l'article 144 (loi n°01-09 du 26 juin 2001) relatif à l'outrage et à la violence faits à fonctionnaires et institutions de l'Etat. Son avocat suit tous les débats... Cet article de loi prévoit sans équivoque: «Une peine d'emprisonnement ferme de deux mois à deux ans et une amende de mille dinars à cinq cent mille dinars ou l'une de ces deux peines seulement pour quiconque dans l'intention de porter atteinte à l'honneur d'un...d'un...ou d'un policier (ce qui est le cas dans ce dossier) dans l'exercice de ses fonctions ou à l'occasion de cet exercice...soit par gestes, par menaces, ou par paroles...». C'est on ne peut plus clair! C'est dans cet esprit que l'avocat de Allal R., Maître Mohammed Djediat allait plaider le peu à dire dans ce genre de dossier où là vous où voulez passer, le chas par l'aiguille, c'est bouché! Avec sa longue expérience, le défenseur de Patrice Lumumba d'Alger-Centre, a refusé sciemment de revenir aux faits brûlants menant droit au bûcher des «Quatre Ha» d'El Harrach. Alors, que croyez-vous avait donc fait et dit le conseil? Simple! Il s'étalera, face à une tolérante Ghezloune, la juge, sur la personnalité de l'inculpé. Il articule en ayant la main gauche sur l'épaule droite du détenu blême comme au jour de ses funérailles: «Madame la présidente, devant tant d'évidence nous évoquons de suite les circonstances atténuantes les plus larges pour ce gosse issu d'un foyer brisé, d'une famille écartelée, d'un environnement pollué par de dangereux énergumènes sans foi ni loi. Allal R. mérite que le tribunal lui tende la perche car ce n'est pas un criminel. C'est même un gentil garçon qui a tellement souffert en pleine société intolérante qu'il prend les policiers pour des «souffre-douleur». Non madame, le verdict le plus cuisant ne peut être qu'une peine de prison assortie du sursis. Il aura cinq années, une épée au-dessus de la nuque et au moindre écart, Brrr!» achève Maître Djediat qui regagnera Bou Smaïl, la conscience apaisée car le sursis ayant été accordé par une juge compréhensive et humaine.