Il en est arrivé à accuser des personnalités publiques de détournements de fonds et d'autres crimes graves. Le député Tahar Missoum, dit spécifique, a fait l'objet d'une sanction disciplinaire de la part du président de l'APN. Il sera interdit de parole pour les six prochaines séances, a décidé Mohamed Larbi Ould Khelifa, à la suite d'une saisine du Premier ministre. Abdelmalek Sellal a motivé sa démarche par le comportement humiliant du député de Médéa qui, à chacune de ses interventions,use effrontément de l'immunité parlementaire pour s'attaquer aux ministres du gouvernement, proférant des accusations infondées et pratiquant la diffamation au seul motif de plaire à l'opinion publique. Pris pour ce qu'il est par les Algériens, l'amuseur des masses est tombé dans son propre jeu, en imaginant des situations de plus en plus «cocasses» et des insultes à l'endroit des membres du gouvernement, de plus en plus «recherchées». Tout le monde se rappelle sa fameuse sortie contre le ministre du Commerce Amara Benyounès et son «chat michimiche». Son intervention avait fait, à l'époque, le buzz sur Internet. Il était devenu une vedette du petit écran et s'est senti obligé «d'honorer» son nouveau statut de député amuseur. La cadence de ses interventions s'en est trouvé accentuée et il s'est mis en tête d'abattre tous les ministres qui présentaient des projets de lois. Plusieurs membres du gouvernement en ont fait les frais, dont le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb. Il en est arrivé à accuser des personnalités publiques de détournements de fonds et autres crimes graves, sans apporter la moindre preuve et en se cachant derrière le sacro-saint principe de la liberté d'expression. Abdelmalek Sellal, sans doute alerté par les ministres qui ont été victimes de ses comportements, a donc réagi en application de la loi pour demander à ce que la présidence de l'Assemblée populaire nationale prenne des mesures concernant le député Tahar Missoum. La suspension de six séances répond au règlement de l'APN concernant les droits et devoirs du député. Cette sanction vient rappeler la nécessité de donner au pouvoir législatif sa véritable place au sein des institutions de la République. Il était grand temps qu'on agisse face à un individu dont la principale mission était de ramener le débat parlementaire au ras des pâquerettes, de discréditer systématiquement le gouvernement et, partant, donner de l'assemblée et de l'Exécutif, l'image détestable d'institutions de la République, sans aucune importance. En détournant les sujets, dans sa recherche à faire sensation, Tahar Missoum a fini par camper le rôle de pitre de l'assemblée. Aucun élu, qu'il soit proche du pouvoir ou de l'opposition, ne lui accorde la moindre importance. Il use du droit que lui octroie sa fonction, non pas pour contribuer à faire avancer la démocratie, mais pour parasiter l'action de l'assemblée. Enfin, il n'est pas interdit de penser également que ce député a servi peut-être malgré lui, les desseins d'un cercle hostile au gouvernement qui l'alimentait en informations et lui, recrachait ce qu'on lui a raconté, sans savoir vraiment la gravité de la chose.