La politique du président a le mérite de provoquer l'adhésion de larges couches de la société. Le parachèvement du processus de réconciliation nationale entamé par le chef de l'Etat dès l'entame de sa première mandature interviendra vraisemblablement dans le courant de cette année. La loi portant amnistie générale, qui devra voir le jour vers la fin du premier semestre, constitue le dernier acte d'une crise qui aura duré plus d'une décennie. Bénéficiant aujourd'hui d'un large consensus au sein de la classe politique, le prononcé même de la réconciliation nationale soulevait les foudres d'une bonne partie du personnel politique, il y a de cela à peine quelques années. Ainsi en cinq ans de mandature, «Bouteflika a réussi l'impensable» estiment certains observateurs qui relèvent la cohésion de la démarche présidentielle en terme de timing et surtout en matière de pédagogie politique. Il faut savoir, en effet, qu'en parallèle d'un discours réconciliateur, le chef de l'Etat a engagé d'importantes réformes dans les secteurs de la justice, de l'éducation et des structures de l'Etat. Autant de chantiers qui affichent clairement la volonté de modernité des plus hautes autorités de la République, mettant par là même, l'Algérie sur une voie de modernisation tous azimuts. Cela dit, les mêmes observateurs s'interrogent sur les conséquences d'une politique qui, même si elle a porté ses fruits sur de nombreux tableaux, peut paraître quelque peu hasardeuse sur la question de l'amnistie générale. Il faut savoir en effet, qu'une telle option reviendrait à absoudre tous les acteurs de la crise qu'a vécue le pays des crimes et autres dépassements commis, et inévitablement, les politiques seront systématiquement réhabilités dans leur droit «de prêcher» leurs vérités. Ainsi, les leaders de l'ex-FIS pourraient être tentés de reprendre du service et revenir au devant de la scène nationale, avec toutes les conséquences que cela suppose sur le fragile équilibre politique acquis après plus de dix ans de grande instabilité, tant politique que sécuritaire. Cette hypothèse vraisemblable est néanmoins battue en brèche par un contexte national et international défavorable à tout activisme islamiste radical. Pour preuve, la politique du président a le mérite de provoquer l'adhésion de larges couches de la société. Le score remporté par le chef de l'Etat lors de la dernière élection présidentielle tend, en effet, à mettre la nation à l'abri de tout éventuel retour du discours intégriste. La «prestation» électorale des plus islamistes des candidats, en l'occurrence Abdellah Djaballah, traduit, sur le terrain, le recul spectaculaire de l'idéologie islamiste en Algérie. Il est clair, à ce propos, que les Algériens ont adressé un message d'une portée politique certaine, à savoir qu'ils adhèrent pleinement à une conception moderne de l'Etat. En plus de cette garantie, il y a lieu de signaler également le succès de la politique présidentielle auprès des partenaires de l'Algérie. Ces derniers soutiennent fortement la démarche de Bouteflika et apportent leur assistance à l'effort de redressement, tant institutionnel qu'économique, de la nation. Autant de raisons qui plaident en faveur de la maturation de la situation politique, à même d'assurer un succès certain à ce que préconise le chef de l'Etat pour enterrer définitivement la crise. Cela étant, l'initiative du président de la République peut, à certains égards, paraître gratuite, au sens où l'islamisme battu, le terrorisme réduit à sa plus simple expression, l'on se demanderait à quoi rimerait de promulguer une loi pour amnistier les perdants. Cette lecture qui risque de faire son chemin au sein de certains cercles politiques, est contredite par les observateurs avertis de la scène nationale, qui insistent sur la nécessité de faire complètement échec à l'idéologie rétrograde. Et la seule manière de le prouver, est de discréditer les islamistes sur le terrain de l'activisme politique. Cet état de fait peut très bien se réaliser à l'occasion des prochaines élections législatives, où forts de leur réhabilitation, les Ali Benhadj et consorts recevront de manière «officielle» leur «fin de mission» de la part de toute la collectivité nationale. En effet, les mêmes observateurs soutiennent que tant que l'intégrisme n'aura pas subi une sanction réellement populaire, il a toutes les chances de «fleurir» dans la clandestinité. Ainsi, Plus de quatre ans après le succès populaire remporté par la concorde civile, l'initiative d'amnistie générale, constitue un pas dans la direction de l'affirmation du caractère républicain de la nation algérienne.