«Les situations conflictuelles opposant parfois les élèves aux enseignants et les mentalités de certaines familles sont à l'origine de ce phénomène.» Décrochage, déperdition scolaire, abandon scolaire, les appellations divergent, mais le résultat est le même: des milliers d'élèves quittent les bancs de l'école chaque année pour se retrouver dans la rue, faute d'une prise en charge pédagogique dont le ministère de l'Education censé être le premier responsable de l'orientation de cette catégorie vers la formation professionnelle. Le ministère de l'Education comme l'Observatoire national de l'éducation et de la formation refusent de chiffrer le taux de déperdition scolaire, ils se contentent seulement d'avancer que le taux est «minime par rapport à celui d'autres pays». Une journée d'étude organisée, hier, par l'Observatoire national de l'éducation et de la formation consacrée à la thématique «décrocheurs: parcours scolaire et devenir socioprofessionnel». Cette instance chargée de la concertation et de la régulation, qui contribue à la conception d'indicateurs et l'identification des éléments les plus pertinents de l'évolution pédagogique à l'échelle nationale, qui a mené une enquête dans ce sens, a démontré le rôle important que pourrait jouer le conseil d'orientation et de la guidance scolaire dans le secteur de l'éducation, dans la lutte contre la déperdition scolaire. Si l'Algérie a consenti d'énormes efforts pour assurer l'école pour tous en fixant l'âge de la scolarisation obligatoire à 16 ans, le sort des enfants qui quittent l'école à l'âge précoce n'est pas encore fixé, et ce, selon la reconnaissance même de la ministre de l'Education nationale. Nouria Benghebrit, a affirmé que «le point faible du système éducatif national est dans le manque de suivi, d'accompagnement des élèves dans la réalisation de leurs projets professionnels». La ministre de l'Education a mis l'accent sur la nécessité de la valorisation du travail de conseiller de l'orientation et de la guidance scolaire, dont la mission principale est d'être à l'écoute des élèves, un poste qui existe actuellement sur le papier seulement. Dans le même volet, la ministre de l'Education nationale, a insisté sur l'impératif de lutter contre le redoublement scolaire considéré comme «facteur à risque». Pour cela le ministère de l'Education, indique la première responsable du secteur, a chargé un groupe de travail dont la mission est «d'analyser et d'identifier les erreurs commises par les élèves des classes d'examens dans les examens des trois cycles de l'éducation afin de remédier à cette situation» a-t-elle souligné. Pour sa part, le directeur de l'Observatoire national de l'éducation et de la formation, (Onef) Mustapha Medjahdi, qui a présenté le résultat de l'enquête menée par son institution a affirmé que la déperdition scolaire chez les élèves est due à de nombreux facteurs dont les «situations conflictuelles opposant parfois les élèves aux enseignants, d'autre part les mentalités d'un certain nombre de familles qui interdisent aux élèves, notamment les filles de suivre leur scolarité dans certains établissements, faute de bonne réputation». Concernant le volet «recherche», M.Medjahdi a indiqué que les travaux effectués sur la déperdition scolaire, n'ont pas servi à une meilleure compréhension de cette problématique. «Certes l'approche quantitative adoptée, est importante, mais il faut signaler que les travaux qualitatifs n'ont pas suivi le rythme de l'évolution des recherches sur le sujet» a-t-il conclu. Par ailleurs, Halima Hanous, dans sa communication sur l'importance de l'équité et de l'égalité des chances dans la réalisation du droit à l'éducation pour tous, la situation économique des familles dans les régions est aussi un facteur à prendre en considération dans l'étude de cette thématique. «Les filles appartenant aux milieux ruraux, aux régions éparses et pauvres sont plus touchées par les formes les plus marquantes de discrimination», pour cerner cette problématique, «il faut donc mettre la lumière sur tous les facteurs intervenant dans l'action éducative. On ne peut isoler l'acte éducatif du contexte socio-économique», a-t-elle expliqué. Enfin, les différents intervenants lors de cette rencontre, ont estimé que la relation élèves-enseignants figure parmi les plus importants facteurs à l'origine de cette situation; pourtant, la loi sur l'orientation scolaire de 2008, a pour objectif d'encadrer et de mieux organiser cette relation entre enseignants-enseignés.