L'urne tranchera A neuf mois du rendez-vous crucial avec les urnes que sont les élections législatives, les islamistes semblent quelque peu ramer face à un pouvoir qui a su bien négocier des virages politiques et idéologiques. La parenthèse estivale sera très courte pour la classe politique nationale, appelée à se préparer à d'importantes échéances politiques pour l'année prochaine. En effet, les lois «secrétées» par la nouvelle Constitution pèseront de tout leur poids sur une scène habituée à une certaine «légèreté» dans l'approche du fait électoral. Dans un passé récent, la participation à un scrutin, local ou national, se résumait pour l'ensemble des partis politiques à une simple décision de leurs instances dirigeantes. Le boycott relevait de la même logique et l'on assistait, d'élection en élection, à une sorte de «chantage à la participation» que brandissent les partis de l'opposition, pensant jeter le discrédit sur le processus électoral par leur absence aux joutes. Dans l'intervalle entre deux scrutins tout le monde fait valoir une popularité, souvent surfaite par des amplificateurs médiatiques. Cette période où l'on montre des «muscles factices» est donc terminée, puisque le Code de procédure électoral trace un seuil à tous les partis politiques, séparant par la même, le bon grain de l'ivraie. On ne peut désormais plus crier à la fraude pour un oui ou pour un nom. L'obligation de justifier de 4% de voix aux précédentes élections ou, à défaut, réunir un certain nombre de parrainage d'élus ou de citoyens, met l'ensemble des acteurs politiques devant leur responsabilité citoyenne. Se «débiner», en prétextant une fraude annoncée ne passera plus auprès de l'opinion. Les Algériens applaudissent déjà la mesure obligeant les formations politiques à disposer d'un ancrage populaire avant de prétendre à siéger dans des Assemblées locales ou à l'APN. Cette nouvelle donne politique fait déjà courir les partis, dont les universités d'été aborderont certainement cette thématique, d'autant que la gestion de la crise par le gouvernement, appréciée par le FMI, orientera le débat sur des questions éminemment politiques. La rentrée sociale, aux dires des experts du Fonds monétaire international, démentira les pronostics catastrophistes et donnera, par la même, au FLN et au RND, matière à capitaliser sur une gestion «sage» et pertinente d'une crise majeure par un gouvernement où ces deux formations sont largement représentées. Les deux partis qui feront chacun cavalier seul, si l'on se réfère aux dernières déclaration de Amar Saâdani, ne manqueront pas de tenter un vaste rassemblement partisan, histoire de «colorer» au mieux l'Assemblée populaire nationale, ainsi que les APC. Des partis comme le MPA de Amara Benyounès et le TAJ de Amar Ghoul seront de précieux alliés pour l'exercice du pouvoir, tant national que local. L'enjeu sera certainement politique pour les deux grosses cylindrées du pouvoir, mais il sera également éminemment idéologique au regard des bras de fer engagés avec des ministres du gouvernement tout au long de l'année 2016 par les partis islamistes, lesquels ont réussi quelques coups d'éclat mettant dans la gêne leurs alliés démocrates dans la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique. La bataille de l'école aura été l'un des épisodes les plus «dramatiques» au sein de l'opposition, qui a vu la Ctld se fissurer dangereusement. Le retrait d'un de ses membres fondateurs, le parti Jil Jadid, n'a pas arrangé les choses. Le «clan» de Mazafran s'effrite à vue d'oeil. Mais les grands perdants de «l'effilochement» de l'opposition sont manifestement les islamistes qui se cherchent de nouvelles alliances au sein de leur mouvance idéologique pour aller en bloc vers les échéances électorales de 2017. A neuf mois du rendez-vous crucial avec les urnes que sont les élections législatives, les islamistes semblent quelque peu ramer face à un pouvoir qui a su bien négocier des virages politiques et idéologiques. Mais le coup le plus dur qu'ils recevront est en rapport avec leur attitude incompréhensible vis-à-vis de la Turquie dont, ils se félicitent de l'échec du coup d'Etat, se fourvoyant dans un soutien tout aussi incompréhensible avec un régime qui se prévaut d'être le meilleur allié d'Israël dans la région. Et comme Ankara n'a pas l'intention de cacher son jeu, on ne manquera pas de rappeler aux islamistes algériens leur amitié pro-sioniste. Un aspect que l'ensemble de la société algérienne rejette avec force. La descente aux enfers a déjà commencé avec la reconnaissance quasi officielle d'Israël par l'un des leaders de l'ex-FIS, Anouar Haddam en l'occurrence. On voit mal les dirigeants du MSP ou d'En Nahdha s'en tirer face à une opinion publique viscéralement réfractaire avec toute idée de normalisation avec Israël. L'argument de l'islamisme à la turque tombera et les cadres de ces partis n'ont aucun discours de rechange.