La mission de la Ctld et du Pôle du changement est finie du seul fait de leur échec à convaincre de la nécessité d'une transition politique. L'opposition radicale algérienne, telle qu'elle s'est organisée au lendemain de la dernière élection présidentielle est confrontée, avec l'adoption de la nouvelle Constitution, à une nouvelle réalité politique qui rend caducs son mode de fonctionnement et ses objectifs à court et moyen terme. Composée de deux blocs, la Cltd et le Pôle du changement, elle est donc fractionnée, mais l'Instance de suivi et de consultation permet à ces deux blocs de coordonner les actions des uns et des autres. C'est cette instance qui a conduit au premier congrès de l'opposition et envisage d'en organiser un autre au courant du mois de mars prochain. Les membres de cette organisation, il faut le dire, assez complexe, se disent assez «fiers» des structures qu'ils ont créées et certains vont même jusqu'à considérer que cette même opposition peut suppléer à l'Etat en cas d'effondrement, pour une raison ou pour une autre. Une autre manière de dire l'apport positif des efforts fournis qui vont dans le sens de la sauvegarde de la République. Une sorte de roue de secours, histoire de donner le change à ceux qui évoquent l'exemple tunisien qui a eu beaucoup de mal à reconstruire l'Etat après le départ de Ben Ali. Il faut dire que le discours de cette frange de l'opposition assoit son argumentaire sur son propre agenda de «sortie de crise», qui parle d'une présidentielle anticipée et de la rédaction d'une Constitution sur le modèle tunisien. Or, cette perspective s'est révélée dépassée par les événements. L'Algérie s'est dotée d'une Constitution, ce qui devrait clore le dossier de la «transition démocratique», voulue par cette opposition radicale. Cet état de fait obligera les partis de la Cltd et du Pôle du changement à s'adapter à la nouvelle donne politique qui appellera, à n'en pas douter, une redistribution des cartes. Les partis de l'opposition qui évoluent en dehors de ces rassemblements partisans auront certainement une longueur d'avance, à l'image du PT, du FFS ou d'El Adala, pour ne citer que les plus en vue. Ils n'ont, pour ainsi dire, pas de casseroles à traîner et peuvent donc rebondir à la lumière de la nouvelle Constitution. La mission de la Ctld et du Pôle du changement est finie du seul fait de leur échec à convaincre l'opinion nationale et le pouvoir de la nécessité d'une transition politique. C'est d'ailleurs la seule raison d'être de ces deux ensembles hétéroclites au plan des orientations idéologiques. Il est impossible d'imaginer les partis de la Cltd créer des listes communes pour les prochaines élections législatives. Il n'est donc pas possible de capitaliser l'expérience acquise sur le plan électoral. C'est dire que tout ce temps passé à s'organiser et à discuter aura été irrémédiablement perdu, pour la simple raison que nombre de ces formations qui s'étaient rassemblées sous la bannière de la Cltd sont des adversaires au sein de l'Assemblée nationale populaire. Pis encore, chaque leader de cette opposition radicale, mobilisait sa base militante autour de la seule transition politique, laissant de côté le programme politique. En fait, la fin de l'opposition radicale sous sa forme actuelle est inéluctable. D'autres ensembles plus homogènes devraient naître. Ainsi, une partie de l'opposition qui a tenté de surfer sur la vague du printemps arabe a créé une structure inter-partisane, pour cueillir le fruit une fois mûr, mais il semble que le voeu de quelques leaders de l'opposition qui avaient misé sur l'affaissement du pouvoir, ne s'est pas réalisé. Ils n'ont pas vu juste.