La réintroduction en Turquie de la peine de mort, évoquée dimanche par le président Recep Tayyip Erdogan après le putsch raté, serait «la fin des négociations d'adhésion» d'Ankara à l'UE, a déclaré hier le porte-parole du gouvernement allemand. Steffen Seibert a par ailleurs dénoncé les «scènes révoltantes d'arbitraire et de vengeance» perpétrées à l'encontre de soldats soupçonnés d'avoir participé au putsch contre M.Erdogan. «L'Allemagne et l'UE ont une position claire: nous rejetons la peine de mort catégoriquement», a déclaré Steffen Seibert lors d'un point de presse gouvernemental. «L'introduction de la peine de mort en Turquie signifierait en conséquence (pour Ankara) la fin des négociations d'adhésion à l'Union européenne», a-t-il prévenu. «L'UE est une communauté de valeurs et une communauté unie autour de l'idée que la peine de mort se situe hors de ses valeurs», a souligné M.Seibert, selon lequel «certaines déclarations venues de Turquie sont inquiétantes». Le gouvernement allemand «condamne» la tentative de coup d'Etat, a poursuivi le porte-parole, ajoutant que désormais, «l'Etat de droit» devait prévaloir. De son côté, la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a été ferme, indiquant «Aucun pays ne peut adhérer à l'UE s'il introduit la peine de mort». Le chef de l'Etat islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan a évoqué dimanche une possible réintroduction de la peine capitale en Turquie, après le putsch manqué mené dans la nuit de vendredi à samedi par un groupe de militaires. Ankara avait aboli la peine de mort en 2004 dans le cadre de sa candidature à l'UE. «Nous avons vu dans les premières heures après l'échec du putsch des scènes révoltantes d'arbitraire et de vengeance envers des soldats, en pleine rue», a par ailleurs dénoncéM. Seibert. «Une telle chose est inacceptable», a-t-il insisté. «Et dans ce contexte, il faut également dire clairement: cela soulève de graves questions et des doutes lorsque, un jour après la tentative de putsch, 2.500 juges se voient relevés de leurs fonctions», a encore dit M. Seibert. L'inquiétude montait hier en Allemagne, et plus largement au sein de la communauté internationale, face à la vague de répression qui touche la Turquie depuis le coup d'Etat manqué mené par un groupe de militaires dans la nuit de vendredi à samedi. Depuis, la chasse aux mutins, désormais officiellement qualifiés de «terroristes», se poursuit. Au moins 290 personnes ont été tuées pendant la tentative de putsch et 6.000 personnes sont actuellement en garde à vue.