Le désengagement de l'armée de la scène politique se veut une véritable démonstration que «l'esprit du 19 Juin» n'est plus de mise en Algérie. L'anniversaire du la journée du 19 Juin 1965, plus connue communément «Journée de redressement révolutionnaire» ne sera plus fêté. Lundi, le conseil de gouvernement a examiné et endossé un avant-projet de loi portant modification de la loi du 23 juillet 1963 amendée, fixant la liste des fêtes légales. Dans cet avant-projet de loi, il est prévu la suppression pure et simple de la journée du 19 Juin de la liste des fêtes légales. Si le conseil des ministres et les membres des deux chambres parlementaires donnent leur aval, la journée du 19 Juin ne sera plus chômée ni payée. D'ores et déjà, le conseil de gouvernement a, pour sa part, avalisé l'avant-projet de loi portant modification de la liste des fêtes légales. Fêtée avec faste depuis 40 ans, la journée du 19 Juin a vu porter le défunt Houari Boumediene à la tête du conseil de la révolution puis président de l'Etat jusqu'à sa mort le 27 décembre 1978. La journée correspond également à la destitution d'Ahmed Ben Bella à laquelle avait pris part Abdelaziz Bouteflika, alors ministre de la Jeunesse et des Sports. Ahmed Ben Bella qui ne s'est que rarement prononcé sur le sujet a été maintenu en résidence surveillée jusqu'à 1981 avant d'être gracié par Chadli Bendjedid. Aujourd'hui, Ahmed Ben Bella milite en faveur de l'amnistie générale et de la réconciliation nationale en tant que président d'honneur de la Commission nationale pour l'amnistie générale lesquelles tiennent particulièrement à coeur au président de la République. L'amendement de la loi du 23 juillet 1963, fixant la liste des fêtes légales, décision purement politique, s'inscrit, selon le communiqué du chef du gouvernement, dans le sillage de «l'évolution historique et politique de notre pays, ainsi que la démarche de réconciliation à laquelle notre peuple est attelé sous la direction du président de la République». Ainsi, après la réforme de l'éducation, de la justice, du code de la famille et autres, c'est un autre tabou que le chef de l'Etat veut briser. En effet, après avoir remis de l'ordre dans la maison Algérie, notamment sur le volet sécuritaire, institutionnel, économique et social, le chef de l'Etat veut briser un autre tabou en abolissant de la liste des fêtes légales, la journée du «redressement révolutionnaire». Certes, depuis l'accession d'Abdelaziz Bouteflika à la présidence en avril 1999, la journée est restée fériée mais sans manifestation organisée pour célébrer l'événement. Déjà au temps de Mohamed Boudiaf, alors président du Haut comité de l'Etat (HCE), l'idée avait germé dans l'esprit des décideurs. Le désengagement de l'armée de la scène politique et son retour à ses missions constitutionnelles se veulent une véritable démonstration que «l'esprit du 19 Juin» n'est plus de mise en Algérie. Dans ce contexte, une sorte de consensus est en train de se former à travers les positions exprimées par les partis politiques et les associations civiles et qui vont dans le sens d'une adhésion au projet d'amnistie générale même si quelques nuances subsistent entre les différentes formations politiques. Au chapitre des surprises, il n'est pas exclu que le président de la République revienne sur le week-end universel dans le cadre des réformes économiques. La suppression du week-end universel en juin 1976 par feu Houari Boumediene, constitue l'une des causes directes de l'agonie où est plongée l'Algérie. Le passage du week-end universel au week-end islamisque a eu des effets néfastes sur la vie socioéconomique de l'Algérie. Le cataclysme qui a frappé l'économie nationale n'est plus à démontrer. Depuis 1976, l'Algérie chôme quatre jours sur sept. L'économie mondiale vit au rythme des jours ouverts du lundi au vendredi inclus, les samedis et les dimanches étant chômés. Autrement dit, les jours où le commerce international tourne à plein régime, l'Algérie se repose. Dans l'esprit des gouvernants de l'époque, le passage au week-end islamique était la meilleure façon de purifier le pays et l'éloigner davantage de l'emprise du colonialisme. Avec la mondialisation, les pouvoirs publics pensent sérieusement au retour du week-end universel. Selon les observateurs, depuis que le pays a abandonné le système du week-end universel, il a perdu beaucoup d'argent. Un cadre financier avait étayé ses propos en s'appuyant sur les résultats d'une étude qui avait démontré que l'Algérie enregistre annuellement un manque à gagner de l'ordre de 5 à 7% de ses recettes globales d'exportations. Aujourd'hui, et avec les accords de l'Union européenne et la prochaine adhésion de l'Algérie à l'OMC, force est de reconnaître que le débat cartésien sur le week-end universel prend de plus en plus le dessus sur le sentiment spirituel au sein de la société. De ce fait, la volonté d'un retour au week-end universel existe réellement d'autant que le contexte économique et social mondial s'y prête. Et il suffit de bien peu de choses, une simple décision, par ordonnance ou par décret, et l'Algérie retrouvera le bercail de la communauté universelle. Mais faut-il vraiment le vouloir avant... d'y croire?