Les autorités publiques concernées ne pourront plus jouer de la ghaïta pour faire sortir et monter la tête du serpent au diagramme de notre économie. Ce sera ainsi lorsque enfin les vraies réformes annoncées ou décidées de l'économie nationale seront effectivement appliquées pour permettre aux entreprises privées nationales d'être au top des exigences des marchés internationaux, voire du marché mondial. Qu'est-ce qui fait donc obstacle à ce voeu formulé par tous ceux qu'une authentique économie algérienne occupe la conscience nationale dans ce domaine? Nordine Grim, qui a très bien connu le secteur public économique - il a été cadre dans l'administration centrale - et objectivement analysé le secteur privé - il a publié des articles de presse sur l'économie -, essaie d'apporter l'éclairage de l'observateur et de l'animateur compétent qu'il est dans un domaine essentiel de la vie d'une nation. Son ouvrage L'Economie algérienne, otage de la politique (*) constitue une longue réflexion sur la nécessité - et l'urgence - d'une réforme avec un «R» capable de mettre sur des rails sûrs une économie algérienne longtemps secouée de hoquets et souvent soumise aux aléas d'une politique économique peu audacieuse et de son administration vagabonde et soupçonnée de favoritisme et de corruption. Dans son Avant-propos, Grim, tout en posant le vrai problème qui empêche l'essor de l'économie algérienne dans le contexte de l'économie de marché, écrit: «Voilà bientôt quinze ans que l'Algérie s'efforce sans résultats tangibles de construire sur les vestiges d'une économie dirigée d'obédience socialiste un système de marché intégré à la division internationale du travail. En l'absence d'un secteur privé totalement exclu de la société algérienne par les textes doctrinaux (chartes nationales), on comprend que les réformes aient d'abord ciblé le secteur public économique composé de 650 entreprises nationales et de 1500 entreprises locales assurant l'essentiel de la production et de la reproduction des biens et des services du pays.» Sans doute, des «réformes ont été engagées pour ce faire» dont la plus caractéristique est de loin celle qui met en place des holdings publics auxquels elle «conférait la possibilité, que n'avaient pas les fonds de participation, de réaliser toutes les transactions de capitaux qu'ils jugeraient utiles y compris la privatisation et la dissolution en cas de faillite consommée.» Or, poursuit Grim: « Plutôt que de faire avancer le pays dans le sens d'une authentique économie de marché portée par une ferme volonté politique, cette pléthore de réformes a bien au contraire fait perdre beaucoup de temps à l'Algérie en favorisant l'immobilisme. (...) Le résultat en est qu'après 15 années de réformes et de contre-réformes, l'Algérie ne peut toujours pas se prévaloir d'avoir édifié une économie de marché.» L'auteur fait alors avec soin «Le bilan mitigé de quinze années de réformes économiques» au cours desquelles apparaissent «beaucoup d'occasions manquées» laissant notre pays encore démuni de toutes ses forces vives en la matière face à l'épreuve de la mondialisation. L'intérêt majeur pour notre pays semble maintenant, ainsi que le suggère avec insistance Nordine Grim, «L'urgence d'un débat national sur l'économie» qui permettrait enfin, et si possible une fois pour toutes, de clarifier les enjeux économiques et de fixer les règles concrètes du jeu de la concurrence loyale entre les opérateurs économiques nationaux et étrangers... In chaa Allah ! L'économie algérienne otage de la politique Nordine Grim Casbah-éditions, Alger, 2004, 158 p.