Le premier ouvrage traitant de la magistrature et de la justice est édité et disponible sur le marché algérien. Pour avoir occupé d'importants postes de responsabilité dans les départements de la justice et de l'intérieur, l'auteur, Lahcène Seriak, vient de briser un tabou en écrivant sur un sujet aussi important que grave. «Depuis un certain nombre d'années, la justice algérienne fait l'objet de débats passionnés, bien plus que dans les périodes précédentes. En tant qu'institution, elle a connu de grandes difficultés d'adaptation à une société en mutation et a subi de plein fouet une forte contestation. Les citoyens justiciables, la presse, les magistrats eux-mêmes se sont exprimés avec de plus en plus de liberté, tandis que les sondages et les enquêtes se multiplient», écrit l'auteur qui a tenu à souligner dans le même ordre d'idées que «ces problèmes ont atteint la dimension d'une crise». L'auteur qui est également avocat au barreau d'Alger, dira clairement que la justice algérienne a besoin de se refonder et de changer rapidement. D'après lui, en Algérie, le ministre et le ministère qui administrent la justice, en dépit du titre vénérable qui les accompagne - garde des Sceaux -, ne bénéficient pas du même symbolisme incomparable de la continuité de la fonction judiciaire, comme dans certains pays d'Europe, par exemple. Pour le bon fonctionnement de l'appareil judiciaire, l'ouvrage édité à la Maison d'édition Corpus et bibliographie, propose de doubler les crédits, l'assistance informatique des tribunaux, l'augmentation des effectifs de deux quarts, la gratuité des actes de justice, la multiplication des services d'accueil, l'institution des délégations judiciaires, des conciliateurs et de la justice préventive, la généralisation des procédures rapides du référé et de l'injonction de payer. Tout cela contribuera à changer le paysage quotidien de nos cours et de nos tribunaux. «Pas d'Etat de droit sans état du droit», écrit l'auteur qui insistera sur le fait que ce qui sera fait sera forcément peu de choses à côté de ce qui restera toujours à faire dans le domaine du service public de la justice. Plus loin, l'étude de Lahcène Seriak suggère l'instauration d'un ministère de la Justice et des droits de l'homme. Ce grand ministère adéquat, fonctionnel et directement proportionnel aux besoins de l'ordre et de la justice de notre pays, contribuera d'après l'auteur, à la réussite du vaste programme de réformes. C'est le cas notamment de la prévention provisoire. M.Seriak soulignera que, pour en finir avec l'abus de la détention provisoire, le juge doit assumer sa responsabilité professionnelle. Partant du constat que 30 à 40% de la population carcérale sont en attente d'un jugement, l'Algérie figure ainsi parmi les pays dont la pratique de la détention provisoire est exagérée, affirmera l'auteur. Bref, le livre traite de tous les aspects de la justice, c'est le premier ouvrage du genre qui a abordé le problème de la presse dans son aspect judiciaire. «En cas de plainte pour diffamation ou injure, l'inculpation ne sera pas automatique et la poursuite sera laissée à la discrétion du juge d'instruction», suggère dans son étude l'auteur pour, affirmera-t-il, «que la diffamation soit plus lourdement sanctionnée et la liberté d'expression protégée».