900.000 arrêts de travail en 2015 Au-delà de la fortune que cela coûte à la «Sécu», le vrai débat tourne autour de la productivité de l'Algérien. Combien de temps travaillent les Algériens? On ne le sait pas encore, mais en tout cas on a une petite idée sur combien de temps ils ne travaillent pas... En effet, le directeur général de la Caisse nationale des assurés sociaux (Cnas), Tidjani Hassan Heddam, a donné des chiffres effarants sur le nombre d'arrêts-maladie, indemnisés en 2015, qui frôlent la barre fatidique des 900.000. Plus exactement, ils sont au nombre de 861 268. Une hausse de plus de 8% par rapport à 2014. Ces chiffres sont d'autant plus effarants du fait qu'ils ne prennent en compte que ceux indemnisés. Si on recense ceux qui ont été «recalés» et ceux qui n'ont pas été déclarés, il est fort probable qu'on atteigne le million! Il faut le dire, les arrêts de travail abusifs sont une partie intégrante des Algériens, qui leur ont même réservé un terme spécifique: «Maladie». Au-delà de la fortune que cela coûte à la «Sécu», le vrai débat tourne autour de la productivité de l'Algérien. Peut-on l'être avec autant d'arrêts de travail dans un pays qui compte à peine 10 millions de travailleurs? Selon les experts, le taux moyen de la productivité en Algérie est très faible, voire nul. Il est de - 0,2%. Une moyenne très en deçà des normes internationales qui tournent autour de 4 à 5%. Pis encore, en 2013 une enquête nationale sur l'emploi du temps «Enet 2012» donne des chiffres impitoyables. Il ressort de cette enquête que l'Algérien âgé de 15 à 24 ans, travaille à peine 3,3 heures par jour, au sens BIT du terme, (Bureau international du travail) dort et se repose pas moins de 10,6 heures journellement. Il faut le reconnaître, l'Algérien ne part pas travailler, mais part au travail. Il suffit de regarder autour de nous pour le constater amèrement. Il est plus facile d'aller au paradis, que de solliciter un service public. Le travail de certains de ces fonctionnaires consiste à trouver le moyen de ne pas faire son travail. Que dire alors des «métiers» qui comme on les appelle dans le jargon populaire sont devenus une denrée rare. Et pourtant, c'est dans ces métiers que les offres d'emploi sont les plus importantes. Il est plus facile de trouver un médecin, un pharmacien... qu'un plombier, maçon ou menuisier... Et même quand on les trouve, ces derniers se font désirer: «S'il vous plaît, c'est sur rendez-vous.» Qui d'entre vous n'a pas attendu en vain l'arrivée de l'un de ces artisans? C'est un véritable parcours du combattant que d'aller à la recherche d'un maçon. A la première discussion, il ne dit jamais non. Il est juste occupé pour plusieurs semaines chez un autre citoyen. Il ne peut pas venir avant de terminer le travail. Il faut attendre plusieurs mois pour qu'il vienne voir les travaux qu'on lui propose de réaliser, qu'il acceptera sous certaines conditions. Alors que dire d'un agriculteur, plombier, peintre, mécanicien, tôlier, électricien, soudeur, cordonnier... Tout comme les citoyens qui ne trouvent pas, qui pour faire leurs petits travaux ou réparer leurs voitures, les entrepreneurs sont également confrontés à ce problème. Après avoir importé les maçons chinois, place aux Pakistanais et indiens! Las de crier au manque de main-d'oeuvre qualifiée, les patrons algériens décident de passer à l'acte. Ils envisagaient de recruter 10.000 maçons tous originaires du Pakistan et d'Inde. Où sont passés les bataillons de stagiaires de la formation professionnelle? Ils préfèrent «naviguer», comme ils le disent, en achetant et vendant toutes sortes d'objets tels que les portables. Allez demander à un jeune, même sans formation, de travailler dans le nettoyage des voiries, dans la soudure, par exemple, travailler la terre...Il vous répondra sèchement: «Jamais de la vie!». Gardien de parking, vendeur informel...c'est moins contraignant et plus rentable. La malédiction des hydrocarbures est passée par là. Ce qui a fait de l'Algérie un pays...rentier qui importe artisans et ouvriers pour les «petits» métiers. Le gouvernement est à la recherche de la potion magique pour ré-inculquer la valeur du travail. Mais n'est-ce pas trop tard? Wait and see...