Le président de la République sahraoui n'a pas été par quatre chemins. Il n'a pas non plus mâché ses mots. Brahim Ghali, qui a réservé sa première sortie internationale à l'Algérie après son investiture, a souligné que «la conquête militaire des territoires sahraouis était motivée par l'idéologie expansionniste hostile du Royaume du Maroc» lors du discours d'ouverture qu'il a prononcé à l'occasion de la 7ème édition de l'université d'été des cadres du Front Polisario et de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd). Le SG du Front Polisario a appelé, dans la foulée, le Conseil de sécurité de l'ONU à agir pour mettre fin à une telle situation qui risque d'embraser la région. L'événement qui se tient depuis hier à Boumerdès, à 45 km à l'est d'Alger, sous le thème «L'Etat sahraoui est la solution» prendra fin le 22 août. Le message adressé au Maroc, dernier pays colonisateur d'Afrique, est clair. Il a été réitéré dans le sillage d'une interview, parue hier, accordée au quotidien italien la Stampa. «La lutte armée n'est pas une menace ou un moyen de pression politique. Elle est tout simplement, un devoir national pour tous les Sahraouis et un droit reconnu par l'ONU aux peuples et pays colonisés», a déclaré le président sahraoui, au journal italien. Autrement dit, si le Front Polisario privilégie la solution politique et les négociations pour faire valoir le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui, le recours aux armes demeure une autre option pour y parvenir. Le président de la République sahraouie confirme: «La décision du Front Polisario d'aller aux négociations avec le Maroc sous les auspices de la communauté internationale pour parvenir à une solution négociée, pacifique et juste garantissant le droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance, ne signifie pas l'écart de la lutte armée pour libérer les parties de la République sahraouie de l'occupation militaire marocaine», a-t-il souligné. Une alternative qui demeure inébranlable. «Le 14e congrès du Front Polisario a réaffirmé que la formation d'une force militaire, puissante et prête à toute éventualité - y compris le retour à la lutte armée si c'est nécessaire- est une priorité stratégique permanente», a rappelé Brahim Ghali. Au mois de mars dernier et suite à l'expulsion de 84 membres de la Minurso par le Maroc, suite à une décision prise par son roi Mohammed VI, l'état-major de l'Armée de libération sahraouie a été appelé à hausser son niveau de préparation pour faire face à toutes les éventualités. Le Front Polisario s'est dit prêt à en découdre. Le bureau de son secrétariat national avait réaffirmé son soutien à l'Armée de libération sahraouie et a appelé «son état-major à hausser son niveau de préparation afin d'affronter les circonstances actuelles et les complots de l'ennemi marocain, saluant toutes les mesures prises par l'état-major dans sa dernière réunion», avait souligné un communiqué rendu public, répercuté par une dépêche de l'agence officielle de presse sahraouie SPS datée du 21 mars 2016. Toutes les institutions et les organes de l'Etat sahraoui ont été actionnés pour faire face à une éventuelle provocation marocaine. Quarante-huit heures plus tard, la tension est montée d'un cran. L'Armée de libération sahraouie s'est mise en état d'alerte. «L'état-major de l'Alps (Armée de libération populaire sahraouie, Ndlr) a ordonné le début des exercices militaires au niveau de toutes les Régions militaires...» à l'issue d'une réunion qui s'est tenue à Bir Lahlou (territoires libérés) les 20 et 21 mars sous la direction du ministre sahraoui de la Défense, Abdellah Lehbib, avait rapporté l'agence de presse officielle sahraouie SPS. La crise qui a envenimé les rapports entre le Maroc et l'Organisation des Nations unies et des mesures de rétorsion prises par Rabat contre la Minurso a provoqué un climat de guerre. Si la mission ne peut plus fonctionner, «il y aura un risque réel d'une escalade de la tension et peut-être même de conflit», a averti le 23 mars dernier le porte-parole de l'ONU, Farhan Haq. Depuis, seule une partie de la composante politique et civile de la Mission onusienne de maintien de la paix a rejoint son QG à Laâyoune, capitale occupée du Sahara occidental alors que le Conseil de sécurité a appelé Sahraouis et Marocains à se mettre autour d'une même table pour négocier. Une mission à laquelle va s'atteler le représentant personnel du secrétaire général de l'ONU, Christopher Ross, dont la visite dans la région est annoncée pour ce mois d'août et il aura à coeur d'éteindre le feu qui couve sous les cendres.