Ghaza: le bilan s'élève à 44.976 martyrs et 106.759 blessés    Palestine occupée: des dizaines de colons sionistes envahissent la Mosquée Al-Aqsa    Maroc: le Makhzen s'acharne contre les activistes anti-normalisation, la contestation s'amplifie    Ligue des champions d'Afrique: défaite du MC Alger face à Al Hilal (0-1)    Derbal souligne la nécessité d'accélérer la réalisation des projets en cours    Bientôt le train sur rail    Les félons algériens, les complots terroristes de la DGSE et le traquenard du contre-espionnage algérien    Un cessez-le-feu et la libération des prisonniers exigés    2024 une année meurtrière : 54 journalistes tués dans le monde    Cette coupe du monde qui fera exploser les dettes du Maroc !    USM Bel-Abbès : L'entraîneur adjoint promu entraineur principal    Une 13e journée pauvre en buts    Eliminatoires Mondial-2026 : Algérie -Mozambique domicilié au stade Hocine Aït-Ahmed    Des villageois de Benaga sollicitent la réalisation d'une structure de santé    Coup de filet à Boulhef Dyr, saisie spectaculaire de drogues et arrestation de quatre trafiquants    Après une longue période de fermeture, la salle des soins de Ayacha enfin opérationnelle    Le ministre de la Culture et des Arts participe à la 13e édition    Festival de la musique et de la chanson oranaise Une trentaine d'artistes attendus à la 15e édition    La bataille de Tababoucht, dans les Aurès racontée par le moudjahid Cherif Boudjenifa    Tennis / Championnat national seniors 2024: Toufik Sahtali (MCA) et Amira Benaissa (MCA) sacrés    Ouverture du 12e Festival international culturel du Malouf à Constantine    Réunion du Conseil des ministres de l'OPAEP: M. Arkab s'entretient au Koweït avec son homologue qatari    Signature d'une convention entre la CNAS et Air Algérie    Pêche : Cherfa préside une réunion avec les armateurs et les professionnels de la grande pêche    Une dynamique diplomatique algérienne orientée vers l'Afrique pour concrétiser les orientations du président de la République    Inauguration d'infrastructures de la Sûreté nationale à Tissemsilt et lancement d'autres projets    Le MSP appelle à s'opposer aux desseins des parties cherchant à attenter à la sécurité et à la stabilité du pays    Constantine: conventions entre l'Agence nationale des produits pharmaceutiques, le groupe Saidal et des structures universitaires    Session extraordinaire du Conseil national du FFS    Foncier économique: l'AAPI passera à la vitesse supérieure dans le traitement des demandes dès 2025    Mascara: les manifestations du 11 décembre 1960, un tournant décisif dans l'histoire de la glorieuse Révolution de libération    Parution au Pakistan de la 2e édition de la traduction en ourdou de "Lorsque la vie te désire"    «Les changements permettront le parachèvement du projet de renaissance de l'Algérie»    Foot/ Coupe du Monde : l'Arabie saoudite organisera le mondial 2034    L'adhésion de l'Algérie constituera un pont étendu entre l'Afrique, le monde arabe et l'Amérique latine    Discours du Président Ramaphosa devant le Parlement    L'Algérie happée par le maelström malien    Un jour ou l'autre.    En Algérie, la Cour constitutionnelle double, sans convaincre, le nombre de votants à la présidentielle    Tunisie. Une élection sans opposition pour Kaïs Saïed    Algérie : l'inquiétant fossé entre le régime et la population    BOUSBAA بوصبع : VICTIME OU COUPABLE ?    Des casernes au parlement : Naviguer les difficiles chemins de la gouvernance civile en Algérie    Les larmes de Imane    Algérie assoiffée : Une nation riche en pétrole, perdue dans le désert de ses priorités    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    Pôle urbain Ahmed Zabana: Ouverture prochaine d'une classe pour enfants trisomiques    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



La bataille de Tababoucht, dans les Aurès racontée par le moudjahid Cherif Boudjenifa
Histoire
Publié dans La Nouvelle République le 15 - 12 - 2024

Cherif Boudjenifa, Moudjahid de la première heure, se souvient des moindres détails de la bataille de Tababoucht qui fit rage le 12 décembre 1954, quelques semaines après le déclenchement de la glorieuse Révolution.Une Révolution parsemée de faits d'armes héroïques, menée, à son éclatement, par le Martyr Mostefa Ben Boulaïd et ses compagnons, partis de Dechrat Ouled Moussa et de Khenget Lehdada pour frapper les premières cibles de l'ennemi, marquant ainsi le début de la lutte armée pour l'indépendance de l'Algérie.
Malgré son âge avancé (près de 90 ans) et les signes de maladie que son visage parcheminé trahit, ce Moudjahid a encore l'esprit alerte et se remémore avec précision les détails de la bataille de Tababoucht, connue également sous le nom de bataille de «Seffah Ellouz», au cours de laquelle les forces coloniales avaient subi des pertes dont elles étaient bien loin, à l'époque, de se douter de l'importance.
Lors d'une rencontre avec l'APS, le Moudjahid Boudjenifa raconte cette bataille sanglante qui dura du matin au soir après que les soldats français ont encerclé environ 80 Moudjahidine dont la plupart étaient des révolutionnaires faisant partie de groupes dirigés par Mohamed Sebaihi, Bachir Ouertal (alias Sidi Hanni), Mohamed Benzahaf, Lakhdar Oucif et autres, qui avaient convenu de se réunir au fin fond de la forêt de Kimel pour des questions liées à la réorganisation des groupes de combattants.
Le témoin affirme que les coups de feu échangés entre forces coloniales et Moudjahidine ont commencé à claquer aussitôt après qu'un avion de reconnaissance de l'armée française a repéré des mouvements inhabituels dans la forêt. Des mouvements qui conduisirent l'occupant à déployer d'importantes forces sous les yeux du regretté Moudjahid Boubaker Salem, infirmier dans les rangs du groupe d'Abbas Laghrour.
Echappant miraculeusement aux soldats, Boubaker Salem, qui se trouvait encore à la lisière de la forêt, a réussi à se faufiler au cœur de la végétation et à alerter les autres Moudjahidine qui choisirent alors de se dissimuler dans des recoins où l'abondance d'arbres, à «Seffah Ellouz», leur offrit un refuge plus ou moins sûr, raconte Cherif Boudjenifa.
Il se trouve que ce jour-là, se souvient encore le vieil homme, la région était balayée de vents violents, chargés de poussière, rendant la visibilité quasi nulle. Les Moudjahidine, tous (ou presque) originaires de la région de Kimel, connaissaient parfaitement les sentiers et les renfoncements de la forêt, si bien qu'ils parvinrent à se cacher en contrebas d'un oued, devenant, du coup, invisibles par les soldats français.
«Les soldats de l'armée d'occupation, des appelés du contingent pour la plupart, tentèrent alors de nous encercler mais avaient du mal à reconnaître les cibles et même à entendre les ordres de leurs officiers, si bien qu'ils se mirent à tirer à tout-va, sur tout ce qui bougeait et dans toutes les directions, de façon complètement désordonnée», se souvient Boudjenifa.
Pendant la bataille, que l'orateur qualifie de «piège dressé par les caprices de la météo et les circonstances», les Moudjahidine Bachir Ouertal et Messaoud Benzahaf se déplaçaient entre les djounoud pour les approvisionner en munitions, faisant fuser des «Allah Akbar» que le soufflement du vent engloutissait, rendant impossible la détermination de leur provenance.
Le visage du vieil homme s'illumine d'un sourire lorsqu'il raconte la suite : «des rafales ininterrompues de fusils mitrailleurs se firent entendre et les balles sifflaient au-dessus de nos têtes alors que nous étions camouflés en contrebas de l'oued dans les faits, les soldats français, nous croyant cernés, se diraient dessus ! Une vraie hécatombe !».
La densité de la forêt et le manque de visibilité les empêchaient de se reconnaître les uns les autres, alors que nous étions sagement retranchés au fond de l'oued. Lâchant un profond soupir, Cherif Boudjenifa, étreint par l'émotion à l'évocation de ses compagnons de lutte (Mohamed Biouche et Lakhdar Oucif, notamment), avoue que l'affrontement de Tababoucht n'avait pas été planifié, ni encore moins préparé.
«En dépit de notre armement sommaire et de l'inexpérience de la plupart d'entre nous, nous étions armés de notre inébranlable foi et de notre détermination à faire triompher notre cause», confie-t-il.
Plusieurs moudjahidine ayant vécu cette bataille, dont Djoudi Kiour, Lakhdar Oucif, Mohamed Omar Biouche et Mohamed Djermoune, avaient indiqué, dans de précédents témoignages recueillis par l'APS avant qu'ils ne quittent ce monde, que la rudesse du climat des Aurès en plein mois de décembre, et le relief accidenté de la forêt de Kimel, avaient transformé la bataille de Tababoucht en piège mortel pour les soldats français qui se sont chargés de s'éliminer les uns les autres sans s'en rendre compte.
Les mêmes témoins avaient souligné que ce jour-là, sept (7) djounoud étaient tombés en martyrs, Mohamed Sebaïhi ayant été le premier à succomber à ses blessures. Les pertes de l'ennemi avoisinèrent, quant à elles, les 900 hommes, transformant la forêt de Kemel en véritable charnier à ciel ouvert.
De nombreux témoignages de Moudjahidine et de citoyens ont rapporté que des camions de l'armée française n'ont pas arrêté, pendant 4 jours, d'évacuer les corps de leurs soldats, disséminés dans la forêt de Kimel, pour les transporter vers la région voisine de T'kout.
Le défunt Moudjahid Omar Bousedjada avait déclaré, dans un précédent témoignage, qu'au soir du jour de cette bataille, il avait assisté, alors qu'il n'avait que 17 ans, à une scène qui l'a marqué à vie : «j'ai vu de mes yeux, avait-t-il assuré, des amoncellements de cadavres de soldats français et je ne crois pas exagérer en affirmant que leur nombre dépassait le millier». L'armée française, avait-il poursuivi, avait été tellement marquée par ces pertes que son aviation avait reçu l'ordre de «bombarder tout ce qui bougeait» dans la forêt de Kimel. Une forêt que les forces françaises se contentaient de survoler, se gardant de s'y aventurer jusqu'à ce que l'Algérie recouvre son indépendance au prix d'immenses sacrifices.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.