Est-ce que nos parcelles de terre sont devenues des stations d'épuration ? Les terres agricoles sont inondées par les eaux usées, tel est le spectacle désolant qui agresse le regard à Hassi Bounif. Le débordement des eaux usées provoque, par endroits, de véritables mares où prolifèrent des moustiques. Leur infiltration souterraine pollue la nappe phréatique et contamine les dizaines de puits qui existent dans ces terres agricoles, comme ils sont aussi facteurs de propagation de maladies à transmission hydrique, source d'intoxication et foyer favorable aux épidémies. Le débordement des eaux usées, on en trouve dans plusieurs endroits à Hassi Bounif, ils font partie des points noirs de la wilaya. Est-ce que nos parcelles de terre sont devenues des stations d'épuration? Est-ce comme cela qu'on encourage les agriculteurs? C'est la question que se posent les fellahs qui ont pris contact avec nous et qui nous ont invités à constater de visu l'ampleur des dégâts occasionnés par ces saletés. Sur place, l'agriculteur Lakhdar nous explique: «Dans cette zone, ce sont des cultures maraîchères, elles sont irriguées malgré nous par des eaux usées, c'est très dangereux pour la santé des consommateurs et cela nous cause d'énormes pertes, nos tracteurs ne peuvent plus pénétrer dans une bonne partie des terres car ils risquent de s'embourber donc nous ne pouvons plus travailler ; nous avons attiré l'attention des responsables concernés, en vain.» Plusieurs pieds de vigne sont morts ainsi que des dizaines d'arbres fruitiers, c'est une véritable catastrophe, se lamente l'agriculteur Menaouar: «Quand je vois cela, ça me dégoûte j'ai même envie de tout abandonner, je n'aime pas voir le résultat de mes efforts partir en fumée, c'est décourageant.» En effet, c'est décourageant surtout lorsqu'on sait que des centaines de millions ont été dépensés pour mettre fin à cette désastreuse situation qui perdure et empoisonne la vie de dizaines d'agriculteurs et même de dizaines d'habitants, comme c'est le cas de la rue qui mène au lycée ainsi que celle menant au quartier R'jel Errha, qui sont inondées par les eaux usées à longueur d'année, ou encore la parcelle de terre qui se trouve en bas de la cité, une cité construite sans réseau d'assainissement. Les eaux usées de toutes les habitations se déversent à ciel ouvert dans cette parcelle qui, par la force des choses, est devenue incultivable et le puits qui servait autrefois pour l'irrigation a été submergé, il n'est même plus visible. Une véritable catastrophe résultant de la bêtise humaine et beaucoup plus de l'inconscience.