Evincés du Gouvernement, ils n'ont aucune légitimité pour s'ériger en défenseurs de l'équipe gouvernementale et de ses politiques et encore moins de s'approprier ses «victoires». Amar Benyounès est un républicain laïque et Amar Ghoul est un islamiste nationaliste. De prime abord, tout sépare ces deux hommes. Pourtant, à bien observer leurs postures politiques respectives on constate qu'ils partagent beaucoup de choses. Tous deux transfuges de partis politiques aujourd'hui dans l'opposition, ils partagent aussi leur soutien indéfectible au président Bouteflika. Mais pas seulement. En effet, et Benyounès, et Ghoul dirigent des partis politiques fraîchement créés mais qui, par la grâce de leur démarche politique, ont pu se tailler des places non négligeables sur la scène politique nationale, le MPA étant la troisième force politique dans le pays en termes de nombre d'élus et le TAJ étant le seul parti politique dans l'histoire à avoir des élus locaux et un groupe parlementaire à l'Assemblée nationale, sans avoir pris part à aucune élection. Néanmoins, leur ascension, qui a été facile du temps où ils étaient dans une proximité intime avec le pouvoir, risque de crapahuter à l'épreuve du terrain, surtout avec l'éviction de leurs leaders du gouvernement. Le MPA et TAJ tiraient, à n'en point douter, leur force de leur allégeance au pouvoir. Le programme qu'ils ont défendu a toujours été, dans toutes les occasions, celui du président et le portrait de ce dernier a accompagné l'ensemble de leurs sorties publiques. C'est dire que, d'une certaine manière, leur réussite est celle de Bouteflika, même si les obédiences laïques de l'un et islamistes de l'autre ont toujours été une ligne de démarcation assez nette entre les deux partis. Désormais, le MPA et le TAJ seront dans un face-à-face avec la population et auront tout à inventer. Ils peuvent continuer à ressasser le même discours de soutien au gouvernement, ils peuvent triturer encore le «programme du président» mais, aux yeux de la population, leur éviction du gouvernement est synonyme de leur lâchage et, à ce titre, ils n'ont aucune légitimité pour s'ériger en défenseurs de l'équipe gouvernementale et de ses politiques et encore moins de s'approprier ses «victoires». De ce fait, pour survivre, ils doivent s'inventer une nouvelle mission, un nouveau discours et une nouvelle démarche.Au lendemain de son limogeage, Amara Benyounès avait déclaré que «le MPA n'était pas mort», en réponse à ceux qui assimilaient son départ du gouvernement à une fin politique certaine. Depuis, il ne rate aucune occasion pour dire que son parti dispose d'un programme et d'une vision qui lui sont propres et que c'est sur ceux-ci que misent les militants du MPA. Même chose pour le TAJ qui réaffirme à chacune de ses manifestations publiques qu'il est un parti viable et fiable. Néanmoins, seul le terrain est en mesure de confirmer ou d'infirmer ces dires. Et dans son sens, les élections législatives de 2017 seront sans nul doute un test de taille pour ces deux partis qui seront en compétition avec des formations politiques expérimentées et qui ont un ancrage certain dans la société, notamment le FLN, le RND, le RCD, le FFS, le MSP, etc. Le MPA et le TAJ, pressentis pour être les deux partis qui sont appelés à jouer un rôle dans les prochaines coalitions qui se mettront en place pour apporter un soutien au gouvernement, pourront-ils dépasser avec succès le cap des législatives de 2017, notamment à l'aune de la nouvelle loi électorale qui se veut très rigoureuse et qui risque d'étouffer les partis peu ancrés dans la société? Difficile de prévoir comment sera le paysage politique national en 2017, mais il est évident que les rapports de force au sein de la société et les nouvelles règles qui présideront aux processus électoraux augurent une reconfiguration radicale. Quels en seront les boucs émissaires? La aussi, les prévisions sont improbables.