Un limogeage qui s'ajoute aux départs successifs en retraite, des congés de maladie, pour illuster un état des lieux peu enviable de l'administration à Béjaïa. Le directeur des travaux publics de la wilaya de Béjaïa a été remercié par sa tutelle depuis mardi dernier. Rachid Ourabah était à la tête du secteur depuis avril 2011, période durant laquelle de nombreux projets structurants ont été lancés et certains ont été achevés. Son limogeage fait suite, selon lui, à un rapport, que l'actuel wali, Ould Salah Zitouni, aurait adressé à son encontre au ministère des Travaux publics. Il est reproché à l'ex-DTP, selon certaines sources, «d'avoir annoncé prématurément la réception de la première tranche de la pénétrante autoroutière de Béjaïa à l'occasion de la célébration du 60ème anniversaire» du déclenchement de la lutte armée. L'inauguration de ce tronçon de près de 50 km entre Akhnak dans la commune de Seddouk et la jonction avec l'autoroute Est-Ouest à Laâdjiba devait être officié par le Premier ministre Abdelmalek Sellal. Il est vrai que ce projet était et reste la préoccupation principale des autorités de la wilaya. Il l'est tellement qu'il fait de l'ombre à d'autres projets structurants dont on parle très peu, à l'image du CHU. Depuis son arrivée, il n'a pas cessé de s'enquérir de la situation de l'avancement des travaux, allant jusqu'à lancer l'opération «100 jours, sans répit», en collaboration avec les Chinois en charge de la réalisation du projet. S'étant engagé dès les premiers constats effectués juste après sa nomination aux commandes de la wilaya de Béjaïa pour la livraison du premier tronçon, Ould Salah Zitouni a jugé utile de mobiliser de nouveau les bâtisseurs pour récupérer le retard accusé et induit pour l'essentiel par les différents conflits et les contraintes rencontrées sur le terrain. Le tracé de la pénétrante autoroutière reliant sur 100 km le port de Béjaïa à l'autoroute Est-Ouest au niveau d'Ahnif a vu les premières parcelles de sa chaussée bitumées dès le mois de février dernier. La méthode mise en oeuvre a consisté à bitumer toutes les parties libérées des litiges. Les 23 viaducs et les 47 ouvrages d'art prévus n'ont souffert d'aucune opposition quant à leur dernière étape. En dépit de tout cela, le projet n'a pas été livré dans les délais. Ce qui serait derrière le limogeage du DTP. Ce dernier estime pour sa part qu'il a payé pour «ses ripostes aux sautes d'humour de l'actuel wali et ses réactions», jugées «pas trop catholiques». «J'ai fait les frais de mon sérieux et ma dignité», nous disait-il hier au téléphone. Il a été remplacé depuis le 16 août par M. Zahnit Salim, qui occupait la même fonction à Constantine.