L'Algérie, du fait de ses potentialités avec une nouvelle politique économique, peut surmonter la crise L'Algérie a un répit seulement de trois ans pour changer de cap et éviter de vives tensions sociales 2018-2020. Alors que faire pour maintenir les 100 milliards de dollars qui tiennent la valeur du dinar car à 10-20 milliards de réserves de changes la cotation officielle du dinar serait à plus de 200 dinars un dollar? Pourra-t-on comme annoncé avoir seulement une sortie de devises de 22 milliards de dollars entre 2017-2018 soit annuellement 7 milliards de dollars? Comment compresser les rubriques importation de biens et services, dynamiser les rentrées annuelles de Sonatrach qui dépendront à la fois de la forte consommation intérieure, de la concurrence internationale et des cours futurs, dont l'Algérie n'a aucune emprise? 1.-La première solution, est une nouvelle gouvernance centrale et locale, une moralisation de la vie politique, sociale et économique, la lutte contre la corruption, l'évasion fiscale pour un sacrifice partagé, et une réelle décentralisation autour de pôles régionaux dynamisant l'entreprise et l'économie de la connaissance. 2.-La deuxième condition de la réhabilitation du travail, source de la richesse de toute nation, évitant cette distribution de revenus sans contreparties productives; évitant ces emplois fictifs pour une paix sociale éphémère, que voile le taux de chômage officiel. 3.- La troisième solution, est l'amélioration du climat des affaires, la débureaucratisation de la société, la réforme du système financier, socio-éducatif, et l'épineux problème du foncier. Le poids du baril sur les exportations 4.-La quatrième solution est que tout projet doit être pensé par rapport aux normes coût/qualité/concurrence, donc selon les normes internationales par une lutte contre les surcoûts qui ont pris d'exorbitantes proportions parfois 20-30% et donc d'avoir une vision stratégique au sein de filières internationalisées. 5.-La cinquième solution, est pour le développement pour les projets structurants, notamment dans les infrastructures de la technique du Build, Operate and Transfer (B.O.T), ce qui allégerait à court terme les tensions au niveau du budget devises de l'Etat, mais en étant conscient qu'à terme, il y aura transfert des profits. Rappelons que la technique du BOT repose principalement sur le modèle du «project financing/project finance», qui est en substance une technique de financement où les prêteurs acceptent de financer un projet en se basant uniquement sur sa rentabilité et sa valeur propres. En pratique, le remboursement du prêt dépend principalement du cash-flow, généré par le projet lui-même, de sorte que la capacité du projet à générer des revenus qui serviront au remboursement du prêt constitue la pierre angulaire du project financing. 6- La sixième solution, est l'assouplissement de la règle des 49/51% (bilan mitigé à ce jour) pour les segments non stratégiques, devant définir avec précision ce qui est stratégique et ce qui ne l'est pas, où l'Algérie supporte tous les surcoûts sans que souvent le partenaire étranger ne partage les risques, remplacé par une minorité de blocage. 7-La septième solution est une exportation plus accrue des hydrocarbures dont le prix dépend de facteurs externes échappant totalement à l'Algérie et là attention aux faux calculs comme ceux effectués par le Venezuela qui est au bord de la faillite. Les recettes de Sonatrach à un cours de 60 dollars le baril, la majorité des contrats de gaz dont le prix lui est indexé à long terme expirant entre 2018-2019 sont évaluées à 34 milliards de dollars, déduction des charges de 20%, donnant un profit net de 27 milliards de dollars qui s'ajoutent aux réserves de changes actuelles. A 50 dollars, le profit net est de 21 milliards de dollars et à 40 dollars le profit de 15-16 milliards de dollars. Entre 2016-2020, il est utopique de compter sur les exportations hors hydrocarbures (la maturation et la rentabilité tout projet mis en oeuvre en 2016, mettant au minimum en Algérie 4-5 ans au vu des contraintes bureaucratiques) dont les mines (voir nos différentes contributions, investissement lourd et entrées de devises faibles). Le cours du pétrole le 1er septembre 2016 est coté à 46,37 le Brent et 44,12 le Wit, contrairement aux supputations hasardeuses de certains experts induisant en erreur le gouvernement, saura surmonter la crise actuelle. Déficit de 30 milliards de dollars en 2016 8. - La huitième solution, un arbitrage est nécessaire entre la satisfaction du marché intérieur et les exportations posant la problématique des subventions généralisées, source de gaspillages et d'injustice sociale, alors qu'elles doivent être ciblées. L'Algérie risque d'être un importateur net de pétrole horizon 2015-2020, devant miser sur le gaz et surtout sa transformation, dans le cadre d'un partenariat gagnant/gagnant. C'est que, la majorité des contrats à moyen terme expirent entre 2018-2069, devant s'aligner sur le marché libre, dit marché spot, étant impossible de concurrencer la Russie (fameux gazoduc Sibérie/ Chine et l'Iran sur le marché asiatique), ne devant plus compter sur les exportations vers les USA qui, eux-mêmes exportent vers l'Europe, le marché naturel de l'Algérie étant le marché européen. D'où l'urgence de la transition énergétique et d'un nouveau modèle de consommation reposant sur un mix énergétique, dont les énergies renouvelables, en tenant compte de la forte concurrence internationale. 9.- La neuvième solution, que j'ai préconisée au gouvernement depuis deux ans, est l'endettement extérieur ciblé à long terme mais uniquement pour les segments à avantages concurrentiels de 30-50 milliards de dollars entre 2017-2020, afin de maintenir le niveau des réserves à 100 milliards de dollars, sinon les prévisions de 60 milliards de dollars de la Banque mondiale qui ont été établies, selon mes informations à Washington,, à partir des données 2014-2016 de la Banque d'Algérie, horizon 2018 sont réalistes. 10. - La dixième solution, la plus sûre est d'avoir une vision stratégique, loin de tout replâtrage, les tactiques pour paraphraser les experts militaires, devant s'insérer au sein d'une fonction d'objectif stratégique, ce qui fait cruellement défaut actuellement, Comme l'a instruit le président de la République, c'est d'aller vers de profondes réformes structurelles sans lesquelles, l'on ne pourra pas faire émerger une économie diversifiée. Sans réformes, au-delà de 2020, même avec un endettement extérieur comme solution, il sera impossible de maintenir le niveau des réserves au vu de la situation économique fin 2016. En fait, ne pouvant dynamiser le tissu productif, actuellement en léthargie, par décret, les deux hypothèses les plus vraisemblables retenues pour avoir un niveau de réserves de changes de 100 milliards de dollars entre 2018-2019 est de miser sur un cours du baril de 70 dollars et plus, aller vers un endettement extérieur ou combiner les deux à la fois. Espérons des solutions plus pérennes, 11.- Le produit intérieur brut (PIB) doit être calculé toujours à prix constants, ayant une signification limitée à prix courant et l'important est d'analyser sa structure. La croissance économique de 3% a été tirée essentiellement par l'intervention publique dont le Btph à plus de 70-80%. Selon les dernières statistiques officielles 94% des exportations relèvent des hydrocarbures à l'état brut et semi-brut, dont le gaz naturel représente plus de 33-35% des recettes de Sonatrach et sur ces 6% hors hydrocarbures, environ 70-75% sont des dérivés d'hydrocarbures, le secteur privé contribuant à moins d' un milliard de dollars pour les recettes en devises. Le secteur industriel représente 5% du PIB, et sur ces 5%, environ 97% sont des PMI/PME peu innovantes, donc non concurrentielles sur le marché international. Environ 83% du tissu économique est constitué de petits commerces/services avec la dominance de la sphère informelle marchande qui contrôle 50% de la superficie économique. L'emprunt obligataire a eu un résultat mitigé vis-à-vis de l'insertion du capital argent de la sphère informelle, l'essentiel du capitalisé provenant de la sphère réelle ce qui a conduit à l'assèchement des liquidités des banques, tout en encouragent certaines rentes spéculatives profitant d'un taux d'intérêt de 5 à 5,75%. Car, que représente le montant annoncé (dont certains sous forme de promesses), qui est figé dans le temps, devant comptabiliser les déficits futurs 2017-2019, par rapport à un déficit budgétaire de 2016, dépassant 30 milliards de dollars, soit plus de 3500 milliards de dinars au cours actuel. Au vu des statistiques douanières 2016, les importations de biens /services et les transferts légaux, les sorties de devises ont été de plus de 75 millibars de dollars en 2014, plus de 63-65 millibars de dollars en 2015 et approcheront les 60 milliards de dollars en 2016. En résumé, l'Algérie, du fait de ses potentialités avec une nouvelle politique économique, peut surmonter la crise. Car toute récession économique aurait des incidences sociales et politiques internes, mais également déstabilisatrices et géostratégiques au niveau de la région méditerranéenne et africaine. Il y va de la sécurité nationale.