Tous les enseignants du lycée de Boudjima ont décidé, à l'unanimité, d'exprimer leur colère. C'est par une grève que l'année scolaire a été amorcée au lycée polyvalent de la commune de Boudjima, sise à 22 kilomètres au nord-est du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou. Ce lycée, pour rappel, est le meilleur dans la wilaya de Tizi Ouzou. Avec un taux de réussite au baccalauréat 2015/2016 de plus de 84%, le lycée de Boudjima a arraché haut la main la première place dans la wilaya de Tizi Ouzou. Un résultat satisfaisant qui a été réalisé déjà auparavant par le même établissement scolaire et ce, durant plusieurs années d'affilée. Hier, dimanche, premier jour de la nouvelle année scolaire, tous les enseignants du lycée de Boudjima ont décidé, à l'unanimité, d'exprimer leur colère. Une grogne générée par le fait qu'en dépit des excellents résultats que collectionne cet établissement scolaire, il n'en demeure pas moins, que les conditions de scolarité qui y règnent sont tout simplement désastreuses. Les autorités concernées avaient promis que le nouveau lycée en cours de construction allait rentrer en service dès le premier jour de la rentrée scolaire. Mais, hier, la déception des enseignants dudit lycée a été totale quand ils ont appris que les travaux du nouveau lycée ne sont pas encore achevés et qu'il était impossible d'entamer l'année scolaire 2016/2017 dans la nouvelle infrastructure. Depuis que le lycée de Boudjima avait été ravagé par un incendie, il y a quelques années, les enseignants et les élèves qui y sont scolarisés vivent un véritable calvaire. Les cours ont été délocalisés. Une partie est assurée à environ un kilomètre et demi du lycée, au niveau de quelques classes du CEM Chalal du chef-lieu communal, alors qu'une autre partie est assurée encore plus loin, à environ trois kilomètres, au nouveau CEM de Boudjima. Malgré ces conditions de travail difficiles et antipédagogiques, les élèves et les enseignants du lycée en question ont relevé le défi. Ils ont réussi à arriver en tête des résultats du baccalauréat de l'année écoulée. Aujourd'hui, tout le monde dans la wilaya de Tizi Ouzou cite comme exemple le lycée de Boudjima, en tenant compte des résultats obtenus, mais rares sont ceux qui connaissent le vrai visage de cet établissement scolaire qui est une ruine, ajouté aux souvenirs d'un amas de cendres. Il est vrai que ce n'est guère de gaieté de coeur que les enseignants en question ont décidé d'observer cette grève. Ils savent qu'ils allaient gâcher le jour de la rentrée des classes qui a souvent des allures de fête mais, compte tenu de la gravité de leurs conditions de travail, il ne leur restait que cette piste. Seront-ils entendus? Rien n'est moins sûr, car de nombreux autres problèmes se posent dans le secteur de l'éducation dans la wilaya de Tizi Ouzou. Pourtant, les autorités locales semblent fournir un maximum d'efforts pour permettre au secteur de bien fonctionner. D'ailleurs, hier, les autorités locales se sont mobilisées, comme d'habitude, pour donner le coup d'envoi solennel de la rentrée au niveau du lycée du 20 Août 1956 sis à la Nouvelle-Ville. Le premier magistrat de la wilaya, M.Brahim Merad, qui a pris part à la cérémonie, a rappelé fièrement que «le secteur de l'éducation au niveau local enregistre, depuis huit ans, des résultats satisfaisants en matière de taux de réussite aux examens de fin d'année, en se positionnant premier au classement national». Brahim Merad a déclaré dans le même sillage: «Maintenant il est temps d'aller vers l'excellence». Et d'ajouter: «Le secteur de l'éducation, qui, en plus de se maintenir en haut du podium, doit orienter ses efforts vers l'amélioration du niveau des élèves afin que les meilleures moyennes aux examens de fin d'année soient décrochées par les enfants de cette wilaya et qu'elles augmentent d'année en année». Le même responsable a tenu à souligner en outre que toutes les conditions ont été réunies pour le bon déroulement de la rentrée et de cette nouvelle année scolaire, que ce soit en matière d'encadrement pédagogique avec le recrutement de 1150 enseignants, ou en infrastructures d'enseignement avec l'ouverture de deux lycées à Boukhalfa et Tamda et de deux collèges à Aghribs et Mkira. Quant aux problèmes de déficit en matière d'encadrement administratif, déploré à maintes reprises, le directeur de l'éducation de la wilaya a rassuré que celui-ci a été pris en charge par l'organisation d'un concours de recrutement le 22 août dernier. «Les postes vacants seront affectés dès l'annonce, dans les prochains jours, des résultats», a révélé le directeur. Il y a lieu de rappeler que la wilaya de Tizi Ouzou ne cesse d'arracher la première place au niveau national, tous examens de fin d'année confondus et ce, depuis plus d'une décennie. L'année dernière, le nombre d'élèves ayant obtenu une moyenne de 18/20 aux examens de fin d'année a quadruplé. Il a évolué de 10 en 2015 à 40 en 2016, et le nombre ayant obtenu plus de 17/20 est passé de 40 en 2015 à 80 en 2016.