Compte tenu du nombre important de jeunes Tunisiens présents et fortement actifs dans les rangs de cette organisation, l'EI va tenter de s'infiltrer en Tunisie, où il peut s'appuyer sur un nombre croissant de cellules dormantes. En Tunisie, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a présidé vendredi dernier 2016, au palais de Carthage, une réunion du Conseil supérieur des forces armées. Selon le communiqué, cette réunion avait pour ordre du jour la situation aux frontières et la coopération militaire avec les Etats voisins et amis. Si aucune information n'a été donnée quant à la teneur des discussions autour des enjeux actuels, on peut penser que la situation en Libye et les derniers évènements au niveau de la frontière tuniso-algérienne ont figuré en bonne place des entretiens. Les éléments du groupe auto proclamé Etat Islamique à Syrte, malgré une résistance acharnée, ont été laminés, au niveau des deux derniers quartiers où ils s'étaient retranchés dans cette ville, à moins de 200 km de Tripoli. Toutes les analyses convergent pour dire que le retrait de Daesh des diverses positions occupées jusqu'alors en Libye, notamment à Benghazi et Syrte, va immanquablement se répercuter sur les pays voisins, où les rescapés du groupe terroriste vont tenter un repli stratégique pour y attendre des jours meilleurs et, faute de quoi, fomenter des attentats kamikaze. Autant dire que, compte tenu du nombre important de jeunes tunisiens présents et fortement actifs dans les rangs de cette organisation, l'EI va tenter de s'infiltrer en Tunisie, où il peut s'appuyer sur un nombre croissant de cellules dormantes, notamment dans le sud et au nord du pays. C'est précisément ce que les participants à la réunion de Carthage redoutent au plus haut point et des mesures urgentes ont du être discutées afin de contrecarrer d'ores et déjà la menace qui a cessé d'être virtuelle. L'Algérie qui s'est préparée depuis bientôt deux ans à une telle éventualité en sécurisant puissamment sa frontière avec la Libye pour empêcher toute infiltration de bandes terroristes a déjà offert son expertise en la matière au gouvernement tunisien. Mais avec cette dimension nouvelle de la menace, induite par la défaite annoncée de Daesh en Libye et également sur le double front irakien et syrien, la coopération doit être nécessairement renforcée dans tous les domaines, à commencer par celui du renseignement. En se penchant sur ce dossier, et en laissant entendre que la question de la «coopération avec les pays voisins et amis» devient cruciale, le président Béji Caïd Essebsi lance un appel sans équivoque. Signe des temps difficiles auxquels le pays entend se préparer.