Parmi les informations qui ont consisté à déprimer le baril, il y a celle soigneusement distillée par l'Agence internationale de l'énergie. L'AIE serait-elle en service commandé? Ce n'est pas exclu. Faute de preuves, elle a pour elle le bénéfice du doute. Ce qui est par contre certain, c'est que ses prévisions ne contribuent pas au redressement des prix du pétrole. Comme elles ne sont pas annonciatrices d'un sommet de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, qui doit se tenir le 27 septembre prochain dans la capitale algérienne en marge du 15ème Forum mondial de l'énergie, aussi consensuel que prévu. Parmi les informations qui ont consisté à semer le doute et à déprimer le baril, il y a celle soigneusement distillée par l'Agence internationale de l'énergie qui impute la surabondance du marché à une offre pléthorique en provenance de l'Opep. «Le Koweït et les Emirats arabes unis ont pompé à des niveaux sans précédent et l'Irak a augmenté ses livraisons. La production de l'Arabie saoudite s'est élevée à un niveau quasi record et celle de l'Iran a bondi à 3,64 mbj, au plus haut depuis la levée des sanctions en janvier», souligne l'AIE dans son rapport publié le 13 septembre 2016. «Il y a eu de nombreuses interruptions de production cette année (...) mais elles ont été compensées par une production en hausse de l'Opep. Les pays membres (du cartel), dont l'Iran, ont pompé à plein régime, et une demande tiède de l'Inde et de la Chine n'a pas permis d'y répondre», renchérissait Jasper Lawler, analyste chez CMC Markets. Le jour même, que ce soit à Londres ou à New York, le baril s'enfonçait et cédait plus d'un dollar. Comment entrevoir dans de telles conditions une éventuelle décision qui déboucherait sur un gel de la production des pays producteurs Opep et non Opep? La montagne finira-t-elle par accoucher d'une souris? Certains experts ne sont pas loin de le penser. «Cette robustesse de la production devrait alimenter les débats entre grands producteurs sur la nécessité de limiter leur production pour soutenir les prix, lors d'une réunion informelle des membres du cartel organisée fin septembre à Alger en marge du Forum international de l'énergie», affirment-ils. Les pays consommateurs de pétrole ont de tout temps applaudi un prix bas du pétrole. Ils ne pouvaient donc trouver meilleur défenseur pour que le baril continue à végéter sous les 50 dollars, voire encore moins. Pour cela, il fallait alimenter le marché en informations qui serviraient à lui saper le moral. Ce que l'Agence internationale ne se prive pas de faire. «L'offre reste soutenue, en particulier celle en provenance de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) qui a pompé à un niveau quasi record de 33,47 millions de barils par jour (mbj) en août - soit 930 000 bj de plus sur un an», souligne-t-elle dans son rapport, tout en jetant un doute sur la bonne foi affichée par l'Arabie saoudite pour parvenir à un accord qui puisse stabiliser le marché. «Ces chiffres traduisent une stratégie de défense des parts de marché adoptée par le cartel pétrolier, aux dépens des prix, qui a permis à son chef de file, l'Arabie saoudite, de ravir aux Etats-Unis leur place de premier producteur mondial de produits pétroliers», a indiqué le bras énergétique de l'Ocde (Organisation de coopération et de développement économiques) qui défend les intérêts des pays consommateurs. A l'issue d'entretiens qu'il a eus le 9 septembre à Paris avec le ministre saoudien de l'Energie, de l'Industrie et des Ressources minières, Khalid Al-Falih et le secrétaire général de l'Opep, Mohammed Barkindo, le ministre algérien de l'Energie s'est dit «optimiste» quant au succès du rendez-vous d'Alger. «Nous avons discuté de ces deux sujets et nous avons convenu de travailler notamment pour la réussite du forum, le dialogue producteurs-consommateurs est très important, et également la réunion informelle de l'Opep sur laquelle nous travaillons pour essayer de trouver un consensus sur le marché (pétrolier, Ndlr)», a précisé Nourredine Bouterfa. L'AIE ne l'a pas entendu de cette oreille.