La récréation est finie! Après le chaos originel, il est temps d'organiser l'univers de l'audiovisuel en fonction des lois de la République. Le président de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav), Zouaoui Benamadi, a lors de son passage à l'émission «L'Invité de la rédaction» d'Alger Chaîne III rappelé les prérogatives de l'institution qu'il préside. Notamment celle de puissance publique. Il a indiqué sur les ondes: «Il est plus que nécessaire de mettre de l'ordre dans l'audiovisuel, conformément aux lois en vigueur et au cahier des charges afin de rationaliser ce secteur», a fait savoir Benamadi. «L'ordre est une option à laquelle nous ne pouvons nous soustraire», a-t-il laissé entendre, en ajoutant: «Après le chaos productif du début, il est temps d'organiser cet univers en fonction des lois de la République, notamment le nouveau cahier des charges. Rationaliser le travail de ce secteur devient une priorité.» A l'en croire, en matière de production télévisuelle et sonore, la loi ne fait pas de différence entre le service public et le service privé. Interpellé sur les fameuses chaînes off shore, l'orateur a précisé: «Tout ce qui arrose le pays en images et en son ne peut échapper à l'appréciation de l'Arav.» Il a appelé ces dernières à se soumettre aux lois de la République. «Celles qui sont visées devront revoir leur copie et refaire le parcours afin de redevenir des chaînes légales disposant d'une adresse connue, définie et qui vont devoir se soumettre aux lois du pays», a-t-il souligné. Dans son intervention, Benamadi a annoncé une inévitable mise à niveau. «Celle ci va s'opérer dans les tout prochains mois et mettra tout le monde sur le même pied d'égalité», a-t-il déclaré. Rappelant que 53 chaînes TV algériennes privées émettent actuellement en offshore, Benamadi a fait observer que «tout ce qui est diffusé et destiné à l'Algérie ne peut pas échapper à l'appréciation de l'Arav.» «Il est vrai que ces chaînes émettent en dehors de l'Algérie, mais elles sont fabriquées à partir d'adresses et de studios situés en Algérie. En ce sens, le cahier des charges s'adresse aussi à ces chaînes», a-t-il encore asséné. Selon Benamadi, l'Arav vient élargir l'espace d'expression de l'ensemble de la population, et de celui des forces agissantes dans la société. Elle est établie dans l'esprit de la nouvelle Constitution et rend la gestion de ce pays plus démocratique tout en élargissant les espaces de communication et de liberté. «Elle est une instance totalement indépendante, je le confirme, c'est la volonté du président de la République. Cette totale neutralité est d'ailleurs consacrée par les textes», a-t-il insisté tout en rappelant que l'Arav ne pourrait être assimilée à un gendarme ou à un arbitre et qu'en aucun cas elle ne saurait se substituer à la justice. «Pour le reste, l'Algérie dispose de lois dans divers domaines, notamment contre la diffamation, l'atteinte à la sécurité du pays ou la protection de l'enfance», a-t-il éclairé dans ce sens. L'Arav demeure un instrument au service de la justice, a encore expliqué Benamadi, précisant néanmoins que celle-ci dispose d'outils qui lui permettent, faute de passer par la justice, de faire valoir ses attributions de puissance publique que lui a conféré l'Etat. Aussi, l'Autorité qu'il préside a-t-elle le droit de porter un jugement sur tout ce qui se diffuse et a aussi le devoir de parvenir à contribuer à la fabrication des programmes, notamment en ce qui concerne l'enfance, la religion, la culture... A une question sur la création de nouvelles chaînes de télévision et le «lobby de l'argent» dans le secteur, Benamadi a fait savoir qu'à l'heure actuelle, il n'y a aucune demande dans ce sens. Il a précisé toutefois qu' «aucune préférence ne sera accordée à un investisseur disposant de moyens financiers». La loi exige la présence de professionnels parmi les détenteurs du capital ainsi qu'au sein du staff et des organes dirigeants des institutions de communication, a expliqué le président de l'Arav, soulignant que quiconque ayant fait fortune dans un créneau économique déterminé, ne peut pas faire de même dans le secteur de la communication. S'agissant du bilan de l'Autorité, il a rappelé que l'Arav est en tout début de chemin et vient à peine de commencer à travailler. «Laissez-nous travailler et montrer ce que nous pouvons faire»(...)» a-t-il dit. Benamadi a par ailleurs évoqué «le déchaînement moralement inacceptable» contre la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, appelant ainsi à «respecter les règles du journalisme». Relevant que cela a pris une «allure de quasi-lynchage», il a indiqué qu' «avant de réagir, l'Arav est en train de travailler pour collecter tout ce qui est condamnable». «Certains médias ont pris une habitude qu'il faut corriger», a-t-il déploré, relevant qu'ils «mériteraient d'être rappelés à l'ordre».