Zouaoui Benhamadi, président de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav), installée il y a tout juste trois mois, est revenu sur les missions et les principes phare de cet organisme. « Il ne faut voir l'Arav ni comme un gendarme qui surveille et sévit contre tout ce qui se dit et s'écoute ni comme un arbitre qui rappelle les règles du jeu », a-t-il averti lors de son passage hier à la Chaîne III de la Radio nationale. « Certains la voient comme un bouclier en cas de dérive. Le travail de l'Arav s'inscrit dans le renforcement de l'expression démocratique et non dans la limitation de la parole », a-t-il poursuivi, précisant qu'elle « est là pour attirer l'attention ». Pour cela, l'Arav « ne peut être efficace que grâce à ce qu'elle peut recevoir de la part du public, du citoyen au grand investisseur », a-t-il ajouté. L'Autorité de régulation de l'audiovisuel a le droit de « porter des jugements sur ce qui se diffuse », a enchaîné Benhamadi, indiquant que dans un avenir proche, elle va « contribuer à la confection des programmes » sur certains problèmes de la société dont l'enfance, la religion, la diffusion de la culture à une échelle plus large. En cas de dérive commise par une quelconque entreprise de communication, l'Arav « peut saisir la loi, saisir l'institution de communication, affliger des amendes, ou suspendre momentanément la diffusion conformément au dispositif en vigueur », a-t-il ajouté. Pour Benhamadi, l'Arav « est totalement indépendante, comme le stipule la loi et l'a voulu le président de la République ». « Nous ne dépendons de personne. Nous sommes une partie de l'autorité de l'Etat qui s'exerce indépendamment du pouvoir exécutif et de toutes les autres formes de pression », a-t-il dit. Pour lui, il « n'est pas encore possible de juger son travail après cette courte durée d'existence ». Interrogé sur le travail mené sur le terrain pour organiser le secteur audiovisuel, Zouaoui Benhamadi a estimé qu'après « l'anarchie qui a marqué le début de la création de l'espace audiovisuel en Algérie, il est temps de mettre de l'ordre, en conformité avec les lois promulguées ». Il a rappelé que « toutes les chaînes de TV publiques, privées et offshore sont concernées par les dispositions du cahier des charges qui vient d'être promulgué ». « Il n'y a pas de différence entre le service télévisuel privé et public. Les 53 chaînes télé qui diffusent, même celles qui sont en offshore, sont également concernées étant donné que tout ce qui se passe dans le pays ne peut échapper à l'appréciation de l'Arav. Ces chaînes diffusent à partir de l'étranger, mais elles sont conçues à partir d'adresses et studios connus en Algérie. La loi s'adresse à elles aussi », a-t-il expliqué. Ce travail de conformité à la loi est une « mise à niveau qui va s'opérer dans les prochains mois et dont le but est de mettre tout le monde sur un pied d'égalité », a-t-il ajouté. « Celles qui existent déjà vont devoir refaire le parcours pour devenir des chaînes à la fois légales et identifiées en se soumettant aux lois. » Pour ce qui est des délais arrêtés pour ce lifting, le président de l'Arav estime qu'il faudra un certain temps pour effectuer ce travail. « Les délais sont contenus dans les cahiers des charges, mais nous avons besoin de temps pour pouvoir faire le point sur tout ce qui existe au niveau de ces chaînes », a-t-il indiqué. Selon lui, l'Arav « agira dès lors que l'évaluation technique sera faite. On nous dira qu'on peut mettre sur les ondes tant de chaînes de TV et de radios. Et alors nous informerons tous les investisseurs potentiels de ces possibilités et des places disponibles ». Il a indiqué qu'à ce jour, « aucun dossier de création de chaîne TV ou de radio n'a été déposé auprès de cette instance ». Le déchaînement contre Benghebrit est inacceptable Zouaoui Benhamadi a évoqué la campagne menée contre la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, en affirmant que « le déchaînement contre elle est moralement inacceptable ». « Quand ça prend l'allure de lynchage, j'espère qu'on ne va pas en arriver là, ceux qui doivent réagir le feront », a-t-il dit. Les membres de l'Arav sont « en train de travailler pour collecter tout ce qui est condamnable ». « Il n'y a pas de sanctions en vue, mais certains médias doivent corriger eux-mêmes leurs habitudes. Ils ont besoin d'être rappelés à l'ordre », a-t-il dit.