Alors que le gouvernement ne cesse de promettre la réduction des importations et la promotion des exportations, le terrain s'entête à conduire l'Algérie dans le sens contraire. Le déficit commercial de l'Algérie se poursuit et est davantage supérieur à celui enregistré pour la même période en 2015. Selon une source des douanes algériennes citée par l'APS, le déficit commercial de l'Algérie a atteint 13,997 milliards de dollars sur les huit premiers mois de 2016, contre un déficit de 11,06 milliards de dollars à la même période de 2015, soit une hausse du déficit de 26,5%. Selon la même source, les exportations ont reculé à 17,56 milliards de dollars durant les huit premiers mois 2016 contre 24,71 milliards US sur la même période de 2015, soit un recul de 7,15 milliards US. Ce net recul est enregistré au moment où la littérature officielle ressasse à longueur de journée la volonté du gouvernement de promouvoir les exportations. Les exportations des hydrocarbures, qui ont représenté 93,73% du total des exportations, ont été évaluées à 16,46 milliards US contre 23,4 à la même période de 2015, en baisse de près de 7 milliards. Quant aux exportations hors hydrocarbures, elles demeurent toujours faibles, soit 6,3% seulement du volume global des exportations, avec une valeur de 1,1 milliard contre 1,32 milliard pour la même période de 2015. La restructuration du commerce extérieur, maintes fois promise, n'est donc toujours pas au rendez-vous. Pour rappel, en mai 2015 s'est tenue à Alger une grande conférence sur la promotion du commerce extérieur en présence de plusieurs ministres, notamment du Commerce, de l'Industrie et des Affaires étrangères. Lors de cette conférence, des recommandations ont été faites pour diversifier l'offre exportable et promouvoir son entrée dans le circuit marchand international. Depuis, bien d'autres discours s'inscrivant dans la même optique ont été prononcés mais la structure des exportations est restée la même, toujours largement dominée par les importations, et les volumes ne font que baisser. C'est dire que le gouvernement, qui a pris des mesures si brutales qu'il a secoué tout le corps social, notamment dans le sillage de la loi de finances 2016, n'a réussi ni à booster les exportations ni véritablement à faire baisser les importations. En effet, pour les importations, elles se sont réduites mais à un moindre rythme par rapport aux exportations. Elle se sont établies, selon le Cnis, à 31,56 milliards US contre 35,78 milliards durant la même période de l'année écoulée, soit une baisse de 4,22 milliards. Cette baisse, comparée au matraquage médiatique effectué par le gouvernement pour vendre son discours optimiste quant à la réduction des importations, reste minime d'autant plus qu'elle est plus le résultat de mesures contraignantes conjoncturelles que l'aboutissement d'une réorientation stratégique de l'économie nationale. En termes de chiffres, on constate que les exportations ont assuré la couverture des importations à hauteur de 56% durant les huit premiers mois de 2016 contre 69% à la même période de l'année écoulée. Théoriquement, un déficit commercial n'est pas forcément un motif de panique. Néanmoins, dans le cas algérien, il est évocateur de la fragilité chronique de notre système économique monoexportateur et qui, faute de volonté politique, se trouve otage de ses réflexes rentiers. Il y a là une bonne raison d'engager des réformes structurelles profondes pour réorienter l'économie selon le seul paradigme de la rationalité marchande.Mais pour ce faire, une très bonne dose d'audace politique est requise.